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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 2
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Chennevières, Henry de: Les Ruggieri, artificiers: 1730-1885
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0154

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pleine des travaux de Yigarany : c’est Y Extrait clés papiers concernant
les feux dartifice clés années 1668, 1669, 70, 71, 74, 75, 76, 77, 87. —
A ce livre de notes chargé de détails et de mémoires sans nombre,
s’ajoute pour le curieux la suite complète des estampes de Chauveau,
d’Israël Sylvestre et de Lepautre. De cette double exhumation Yiga-
rany sort comme un magicien de contes de fées, tout flambant. C’est,
en effet, par lui si les réjouissances données à la Cour eurent leur
véritable bouquet en belle pluie d’or. Dessinateur de ses propres
projets, Yigarany voulut aussi se réserver tout le mérite d’exécution
de chacun d’eux, pour plus de certitude dans le succès. A peine s’il
s’aida d’un compatriote, du « poudrier Boucony », en manière de
second aux préparatifs matériels, et encore fût-ce plutôt dans le but
d’attirer l’œil du roi sur cet autre Italien venu en France tenter
fortune. Son application tellement jalouse de tout soigner en personne
et de rapporter ensuite de droit à elle toute seule la juste vanité des
réussites, alla même à lui faire prendre de l’éloignement pour Torelli,
un transalpin son camarade de chez Lully, comme s’il craignait
d’entendre attribuer la moindre part de ses lumineuses combinaisons
aux conseils supposés de ce Torelli. L’autre ne dérangeait pas de ses
châssis de décors et ne pouvait vraiment guère deviner le secret de
cette bouderie byzantine. Colbert, Mansart et Perrault, des bâtiments
du roi, étaient les seuls à ne pas faire ombre aux coups de maître de
Yigarany, car il les sentait trop ses obligés en matière de feux volants.
La supériorité indépendante de sa pyrotechnie eut donc beau jeu à
Yersailles. D’ailleurs sa science d’Italien gagna tout aussitôt à
s’exercer au milieu d’immenses espaces. En effet, là-bas à Modène ou
dans les principautés voisines, à juger parle livre des Feux d’artifices
de Claude Lorrain, il n’avait pas dû lui être donné souvent de pouvoir
développer très au large ses vastes ordonnances de partements :
c’était le contraire ici avec les étendues d’horizons à incendier. Mais
la surprise la plus heureuse de son répertoire fut encore l'habileté de
ses artifices d eau, machines massives en forme de monstres marins
d’où vomissaient des milliers de fusées. D’autre part, il importait l’un
des éléments essentiels d’un artifice en bonne forme, un élément
presque nouveau chez nous, à force d’être mal connu. Avec leur
imagination pratique, les décorateurs de fêtes en Italie s’étaient
raisonné les diverses sensations de la foule devant un feu et avaient
cru besoin, pour satisfaire le goût naturel du spectateur toujours en
quête d’un enchaînement à peu près logique, d’inventer une sorte de
thème d’idées capables de servir d’intrigues matérielles aux pièces
 
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