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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 2
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Lostalot, Alfred de: L' exposition de Toulouse
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0180

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158

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Où sont les écoles d’autrefois qui nous produisaient ces fruits de terroir de
saveur franche et originale, dont l’inépuisable variété faisait l’orgueil et la
richesse de notre pays?

Du « Palais de l’Industrie » on débouche sur la belle place du Bourrillon et de là,
par une élégante passerelle jetée au-dessus de la voie des tramways, dans un Jardin
des Plantes improvisé et tout à fait charmant ; un petit chemin de fer Decauville
permet d’en faire le tour en quelques minutes avec arrêt aux diverses stations :
une laiterie, la section des machines agricoles, un Jardin d’Acclimatation encore
inhabité, et enfin le bâtiment nouveau de la Faculté des sciences où est installée
l’Exposition des beaux-arts.

Toulouse, on le sait, est une pépinière d’artistes ; nous lui devons pour le mo-
ment la joie de posséder des sculpteurs tels que MM. Mercié, Falguière, Injalbert,
Marqueste, Labatut... — il y a un an nous aurions pu encore ajouter le nom de ce
pauvre Idrac, mort à la fleur de l’âge et dont le talent était si riche de promesses !
L es noms de ses peintres ne sonnent pas moins bien : ce sont MM. Roll, J.-P. Laurens,
Benjamin Constant, Rixens, Débat Ponsan, etc.... Quelle belle réunion d’artistes et
comme une ville doit être fière de pouvoir montrer à tous un ensemble des œuvres
qu’ils ont créées pour sa gloire et pour la gloire de la France entière! Eh bien !
ces artistes qu’elle a formés dans son école et subventionnés à l’époque difficile de
leurs débuts, ces artistes qui, pour la plupart, lui doivent tout, se sont montrés
sourds à son appel quand il s’est agi de contribuer àl’œuvre commune de glorifica-
tion toulousaine. Si la ville n’eût possédé déjà quelques ouvrages des peintres et
sculpteurs, ses enfants, on ne trouverait d’eux à l’Exposition ni une toile, ni un
plâtre! Je n’ai pas besoin de dire que l’indignation est vive à Toulouse; le moins
que ressentent les visiteurs étrangers est un sentiment de pénible étonnement dont
nous avons cru devoir nous faire l’écho.

A côté d’œuvres modernes sans importance — l’abstention des artistes toulou-
sains ayant tout gâté — on a exposé dans d’autres salles du même bâtiment un
certain nombre de monuments de l’art rétrospectif. Je vais énumérer les prin-
cipaux sans commentaires. Voici d’abord une intéressante série de portraits des
archevêques de Toulouse, des fondateurs ou des lauréats des Jeux Floraux; un
Cujas que l’on pourrait sans exagération mettre au compte des Clouet, d’excellents
portraits de Marguerite de Valois et de Louis de France, le dernier Grand-prieur
de Saint-Gilles, figure narquoise d’une vie intense. Le personnage, tout habillé
de gris, est vu de face, la tête se relevant sur un buste voûté par l’âge, les deux
mains appuyées sur une canne : ce serait l’œuvre d’un peintre toulousain du
xvm0 siècle, mais lequel?

Si la Révolution française n’avait pas eu lieu, Toulouse posséderait la série
complète des portraits de ses magistrats municipaux (Capitouls) depuis le xme siècle;
par les miniatures de l’Hôtel de Ville, jusqu’à la fin du xvme; beaucoup ont péri
dans la tourmente, mais ce qui reste est à la fois abondant et d’un intérêt
soutenu ; dans le nombre on compte même des peintures de marque où la
physionomie des édiles est exprimée avec une précision et un sentiment de l’indi-
vidualité dignes des bons hollandais.

La grande curiosité de cette section rétrospective provient des archives de
l’Académie des jeux floraux : tout y est, depuis la violette créée en 1323, jusqu’au
jasmin fondé récemment par Mme la marquise de Blocqueville; les anciens
 
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