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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Durand-Gréville, Émile: La peinture aux États-Unis, 2: les galeries privées
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0281

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LA PEINTURE AUX ÉTATS-UNIS.

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en automne-, le plus grand et certainement un des plus beaux Auguste Bonheur; un
bon Jacques; une Fin de mai de Daubigny, riche et plantureuse peinture; trois
Gérome dont un, la Collaboration, est vraiment remarquable; enfin quatre Meis-
sonier : son portrait à. l’aquarelle, vivement enlevé; deux Hussards verts à cheval,
tenant chacun un cheval en laisse et causant avec un factionnaire, en plein soleil;
Y Aumône, un homme à cheval qui donne quelques sous à une mendiante ; et enfin 1807.
Ce dernier tableau a fait grand bruit à Paris, où il fut critiqué à cause d’un certain
manque d’unité dans l’ensemble; mais l’exécution du détail est prodigieuse;
il y a telle tête de cheval, au premier plan, dont l’ossature est remarquablement
étudiée et dont l’œil semble avoir la transparence de la vie. La tête de l’empereur
est de premier ordre et suffirait à classer un artiste. Que de temps, de patience et
de talent dépensés dans cette œuvre un peu confuse, mais vraiment surprenante,
à laquelle on s’intéresse davantage quand on y est entré !

Nous avons gardé pour la fin la famille Vanderbilt. C’est dans la maison de
Cornélius Vanderbilt fils que se trouve le plafond bien connu, Phœbé, de Paul Bau-
dry. Le Repas des noces de Psyché, plafond du même artiste, encore plus important
et plus célèbre que le précédent, est chez M. W.-H. Vanderbilt. C’est chez M. W.-H.
Vanderbilt, mort au commencement de l’année dernière, que se trouve la galerie
par laquelle nous terminerons le présent travail.

Cette galerie, la plus célèbre de toutes, est celle qui, par le nombre des tableaux,
par son choix très éclectique (trop, peut-être), et parla réunion d’un nombre con-
sidérable d’œuvres marquantes, peut donner l’idée la plus favorable du goût des
nouveaux millionnaires américains.

M. William-II. Vanderbilt avait reçu de son père une fortune déjà énorme,
faite en moins de quarante ans, et sa richesse était telle, que les sommes qu'il a
léguées à diverses institutions n’y ont pas fait une brèche appréciable.

Sa galerie, composée de deux salles éclairées par le haut, est d’un arrangement
sévère avec des boiseries sombres qui font valoir la peinture. La seconde salle
communique de plain pied par une large baie avec une serre ensoleillée et déli-
cieusement rafraîchissante, encombrée de fleurs en plein hiver. Cette échappée sur
la nature, loin de nuire aux œuvres d’art, crée une sorte de lien mystérieux entre
la vision idéale du peintre et les réalités du monde vivant; elle empêche l'imagi-
nation du visiteur de se sentir emprisonnée au milieu des chefs-d’œuvre, et par
cela même elle donne à l’esprit plus de liberté pour admirer.

La galerie a été formée, dit-on, dans l’espace de quelques années. Combien de
millions elle a coûtés, nous n’en savons rien; mais ce doit être un gros chiffre,
car, selon un principe de la mécanique financière, ce qu’on gagne en vitesse doit
se perdre en argent. Le catalogue que nous avons sous les yeux est de 1884, et
sa composition n’avait absolument pas varié au printemps de 1886, époque où il
nous fut permis d’examiner à loisir chacun de ses 169 tableaux et de ses 27 aqua-
relles. Les dix tableaux qui se trouvaient dans les autres parties de la maison n’a-
vaient pas assez d’importance, à en juger par les noms de leurs auteurs, pour que
nous ayons éprouvé le besoin de demander à les voir.

Sur le total de 208 œuvres d’art qui existaient chez W.-H. Vanderbilt en avril
1886, près des deux tiers, •— plus exactement, 115 — sont françaises; les autres sont
belges, hollandaises, anglaises, allemandes, autrichiennes, italiennes, espagnoles,
etc. Nous ne citerons de cette galerie que les œuvres vraiment supérieures, qui se
 
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