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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 3
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Durand-Gréville, Émile: La peinture aux États-Unis, 2: les galeries privées
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0282

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252

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

trouvent toutes être françaises. Le chauvinisme n’a absolument rien à voir dans
ce choix, qui s’impose de lui-même. Encore, parmi les tableaux d’artistes français
célèbres, tout n’est-il pas de la même valeur : ainsi, les cinq ou six Diaz sont secon-
daires et quelques-uns médiocres; le Delacroix n’est pas très important; les Troyon,
plus remarquables (par exemple : Sur la route, n° 101), ne font jaillir aucune
exclamation d’enthousiasme. Parmi les trois Gérôme, il y en a deux, la Danse du
sabre et le Grand Condé, qui ne sont intéressants que par la richesse et l’ingénio-
sité de la composition, et un, le Bachi-Bouzouk buvant dans une sébille où son vi-
sage est presque entièrement plongé, qui est certainement une des figures les mieux
dessinées, les plus justes de mouvement, les mieux éclairées et les plus grassement
peintes de cet artiste souvent un peu sec. Citons encore la Vache blanche de Van
Marche, un bel Arabe de Bonnat, une Bretonne de J. Breton, quelques toiles de Rosa
Bonheur assez inégales, une charmante esquisse des Enrôlements volontaires de
Couture, et arrivons bien vite aux œuvres des trois ou quatre maîtres qui sont le
plus bel ornement de cette magnifique collection.

Plusieurs des sept Meissonier sont de premier ordre dans l’œuvre de ce petit
maître qui restera plus grand que les auteurs de beaucoup d’immenses toiles.
Tout le monde connaît Y Arrivée, riche composition datée de 1883, et Y Ordonnance
(1866), excellent tableau d’intérieur. Le général Desaix interrogeant un paysan est
le comble de l’art de Meissonier, puisque la prodigieuse multiplicité du détail s’y
concilie presque avec l’unité de l’ensemble : neuf figures aux deux premiers plans,
des troupes à pied et à cheval disposées dans une forêt, des troncs d’arbres, des
branches et des rameaux à n’en plus finir, tout cela semble saisi sur le vif par un
photographe dont l’appareil aurait eu de l’esprit. Les personnages du premier plan,
surtout au milieu et à droite, sont vraiment dans l’air, et modelés comme de petits
ivoires d’un dessin serré. Jamais peut-être, chez l’artiste, l’exécution n’a été si
simple, si libre, si souple que dans les quatre tètes du premier plan. Les Fla-
mands du bon temps doivent considérer Meissonier comme un de leurs petits-
neveux. Ces deux derniers tableaux ont été à l’Exposition de 1867. Il faut citer
encore deux peintures minuscules, Y Artiste à l’ouvrage (30 cent, sur 25, daté de 1855)
et surtout le Liseur (1856, 23 cent, sur 18), qui est certainement un des chefs-
d’œuvre du peintre, un de ceux où les détails de forme, de couleur et de valeurs
se fondent le mieux dans l’harmonie générale, où une excellente perspective
aérienne enveloppe doucement le personnage et les objets sans rien leur ôter de
leur précision et de leur justesse.

Daubigny est représenté dans cette galerie par un assez grand paysage, le
Matin, où quelques vaches entrent dans une rivière pendant que le soleil levant
remplit de petits nuages gris et roses un ciel légèrement ambré.

Corot est là avec deux paysages qui, sans être tout à fait de premier ordre dans
l’œuvre du peintre, en disent long sur sa maîtrise. L’Étude d’après nature, surtout,
est remarquable par la franchise et la hardiesse. Corot n’a jamais mis deux coups
de pinceau là où un seul suffisait. Tout y est, sans en avoir l’air. Les herbes folles
de premier plan frémissent, le soleil doux et blanc inonde la pente verdoyante, le
chemin est bien de sable, les arbres sont légers et d’un vert adouci. C’est le por-
trait fidèle de la nature des environs de Paris, discrète et fine.

Sept paysages de Rousseau. A citer : une Lisière de Rois,étude sincère; le Matin
(vente Laurent-Richard), légèrement fait, très blond et très lumineux, avec un ciel
 
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