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GAZETTE DES BEAUX-AllTS.
fantaisiste et même pire que cela, aimait à farder ce qu’il possédait.
Est-ce à dire que nos recherches, longues et ardues, sont restées
infructueuses? Non; mais nous nous garderons d’en exagérer les
résultats. Nous reconnaissons trois des documents que nous avons
produits comme exécutés par des contemporains de César et dignes
de crédit. —• Le Bois gravé clans la 2e édition de Paul Jove est le plus
intéressant de tous ; — le Portrait des Offices de Florence a la même
valeur iconographique; — mais nous ajoutons plus de foi encore au
Portrait conservé à Imola chez l’honorable comte Codronghi, député des
Romagnes, qui porte /’inscription : césar borgia valentinus. Ces trois
documents sont des documents incomplets et sommaires, mais il faut
cependant s’y attacher avec force.
On doit regretter que tous les trois soient des profils; mais cela
s’explique puisqu’ils procèdent tous de la même origine. Il y avait
probablement alors une médaille, ou une fresque ou un portrait selon
la mode des qualtrocentisti, qui a donné la note et le point de départ;
et si on consulte les portraits exécutés de 1450 à 1500, la plupart
sont des profils.
Ces trois portraits représentent le Valentinois revêtu des insignes
de capitaine général de l’Église ; Y uniforme était réglementaire, Bur-
ckardt, le ceremonere d’Alexandre VI, a compté jusqu’au nombre
de perles du berreto, et les portraits restent fidèles jusque dans ces
détails. On a contesté que César portât la barbe tout entière, et
quelques-uns ont vu là une dérogation à l’usage de la fin du xve siècle ;
la réponse est facile. — La médaille de Pie III (ce pape de vingt-
sept jours qui succède à Alexandre VI et précède Jules II), protecteur
décidé de César, qui lui sauva la vie en 1503, en lui permettant de
s’enfermer dans le château Saint-Ange, alors que nu, désarmé, mou-
rant de la fièvre, il était traqué par les Orsini, porte au revers la
devise « sub ambra alctrum tuarum », et nous montre le gonfalonier
de l’Église, son vexülum à côté de lui, agenouillé devant le Pontife.
Or, César porte la barbe et les longs cheveux. L’image est micros-
copique, l’œuvre est faible, elle est restituée et tardive, mais elle a pour
elle la tradition vaticane, elle a été exécutée par ordre pour la série
dite des Pontifes; déjà au xvne siècle, le savant Bonaini a commenté
le fait qu’elle rappelle, et ce fait est attesté par la date 1503, gravée
sur la représentation.
Que devient le portrait Borghèse., et quelle est son importance
iconographique? Nous ne saurions le rejeter complètement; car
aucun des traits n’est incompatible avec ceux de la tradition; et cette
GAZETTE DES BEAUX-AllTS.
fantaisiste et même pire que cela, aimait à farder ce qu’il possédait.
Est-ce à dire que nos recherches, longues et ardues, sont restées
infructueuses? Non; mais nous nous garderons d’en exagérer les
résultats. Nous reconnaissons trois des documents que nous avons
produits comme exécutés par des contemporains de César et dignes
de crédit. —• Le Bois gravé clans la 2e édition de Paul Jove est le plus
intéressant de tous ; — le Portrait des Offices de Florence a la même
valeur iconographique; — mais nous ajoutons plus de foi encore au
Portrait conservé à Imola chez l’honorable comte Codronghi, député des
Romagnes, qui porte /’inscription : césar borgia valentinus. Ces trois
documents sont des documents incomplets et sommaires, mais il faut
cependant s’y attacher avec force.
On doit regretter que tous les trois soient des profils; mais cela
s’explique puisqu’ils procèdent tous de la même origine. Il y avait
probablement alors une médaille, ou une fresque ou un portrait selon
la mode des qualtrocentisti, qui a donné la note et le point de départ;
et si on consulte les portraits exécutés de 1450 à 1500, la plupart
sont des profils.
Ces trois portraits représentent le Valentinois revêtu des insignes
de capitaine général de l’Église ; Y uniforme était réglementaire, Bur-
ckardt, le ceremonere d’Alexandre VI, a compté jusqu’au nombre
de perles du berreto, et les portraits restent fidèles jusque dans ces
détails. On a contesté que César portât la barbe tout entière, et
quelques-uns ont vu là une dérogation à l’usage de la fin du xve siècle ;
la réponse est facile. — La médaille de Pie III (ce pape de vingt-
sept jours qui succède à Alexandre VI et précède Jules II), protecteur
décidé de César, qui lui sauva la vie en 1503, en lui permettant de
s’enfermer dans le château Saint-Ange, alors que nu, désarmé, mou-
rant de la fièvre, il était traqué par les Orsini, porte au revers la
devise « sub ambra alctrum tuarum », et nous montre le gonfalonier
de l’Église, son vexülum à côté de lui, agenouillé devant le Pontife.
Or, César porte la barbe et les longs cheveux. L’image est micros-
copique, l’œuvre est faible, elle est restituée et tardive, mais elle a pour
elle la tradition vaticane, elle a été exécutée par ordre pour la série
dite des Pontifes; déjà au xvne siècle, le savant Bonaini a commenté
le fait qu’elle rappelle, et ce fait est attesté par la date 1503, gravée
sur la représentation.
Que devient le portrait Borghèse., et quelle est son importance
iconographique? Nous ne saurions le rejeter complètement; car
aucun des traits n’est incompatible avec ceux de la tradition; et cette