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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 5
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Lefort, Paul: L' Union Centrale des Arts Décoratifs: neuvième exposition
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0399

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NEUVIÈME EXPOSITION DES ARTS DÉCORATIFS. 355

demandé », telle est la péremptoire réponse qu’il vous adressera si
vous avez l’indiscrétion de le questionner. Qui donc arrêtera le mal,
si, comme nous le croyons, c’est la bourgeoisie riche ou aisée qui est
la grande coupable? Elle veut des meubles de style et on lui fait ce
qu’elle demande. Assurément ce ne sera pas le fabricant qui tentera
de réagir contre ce goût que nos expositions rétrospectives n’ont fait
qu’exaspérer encore, et qui porte la bourgeoisie à ne plus rechercher
que le vieux authentique ou, lorsqu’on ne peut l’aborder, à se con-
tenter de la parfaite imitation à défaut de l’original.

Ah ! avec un tel courant, le meuble du xixc siècle, nous le craignons
sincèrement, pourrait bien, si l’Exposition de 1889 ne nous apporte
quelque surprise, ne faire son apparition que dans le xx°...

Parmi nos ébénistes exposants, un seul fait preuve de quelque
effort d’originalité. C’est M. Yiardot. S’inspirant des lignes et des
formes chères aux Chinois et aux Japonais, il a su tirer de cette veine
d’art encore nouvelle, toute une curieuse création, tout un style, qui
lui demeurent bien personnels. Un lit, de style chinois-japonais, ouvré
en plein bois de palissandre, est véritablement une œuvre hors ligne
et comme composition et comme exécution. Nombre d’autres meubles,
tels qu’un secrétaire, des tables, des buffets, des armoires, tantôt
engravés de fines arabesques, tantôt burgautés, tantôt décorés de
délicates sculptures en léger relief ou de bronzes dorés, représentant
des chimères ou des dragons, ou encore de panneaux de laque,
rehaussés de matières riches ou de métaux précieux, font de l’expo-
sition de M. Yiardot quelque chose de tout à fait à part et d'un bien
amusant contraste au milieu du déluge de meubles Renaissance qui
a tout envahi. Nous savons bien qu’après tout, ce n’est là que de l’in-
vention de seconde main, une appropriation plus ou moins spirituelle
d’un style exotique habilement modifié dans le sens de nos besoins,
de nos goûts, et non une création véritable; mais qu’importe si cela
est charmant! Et, en présence des efforts, méritoires à tant de titres,
de M. Yiardot, nous ne sommes point du tout surpris que l’Etat,
l’Union centrale et les jurys de tous les pays, compris le nôtre, aient
épuisé, avec cet intelligent ébéniste, toute la série des récompenses et
des distinctions dont ils pouvaient disposer.

L’art de forger le fer, de le contourner en gracieuses spirales, de
le faire se tordre en capricieuses arabesques et s’épanouir en florai-
sons robustes et superbes, s’il a parfois chez nous subi quelques
éclipses, n’a jamais été du moins complètement délaissé. Cette belle
tradition est aujourd’hui plus que jamais vivante. En effet, nous ne
 
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