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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 5
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Gruyer, Gustave: Le palais des princes d'Este à Venise
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0433

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LE PALAIS DES PRINCES D’ESTE A VENISE.

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négociations commerciales ou politiques, tantôt par le désir cl’y
conférer avec quelque grand personnage, tantôt enfin par l’originale
beauté de la ville et par les fêtes qui s’y donnaient.

En 1364, Nicolas le Boiteux (.zoppo) s’y transporta pour rendre
visite à Pierre, roi de Chypre. Il convia ce prince à un festin dans
lequel il étonna par son luxe ses nombreux convives. Avec Pierre,
il assista ensuite à des joutes à cheval et à des carrousels1. Ces
spectacles n’étaient que la répétition de ceux par lesquels on avait
fêté, quelques mois auparavant, la récente conquête de la Crète et
qui avaient eu pour organisateur le Ferrarais Tommaso Bambasio,
comme nous l’apprend Pétrarque, admis à les voir. L’illustre poète
les avait contemplés à côté du doge Lorenzo Celsi, au-dessus de la
façade de la basilique de Saint-Marc, auprès des quatre fameux
chevaux en bronze doré. Il les a décrits avec enthousiasme dans une
lettre adressée à Pierre de Bologne, le 4 des ides d’août 1364 3. Il
exalte d’abord Venise, «séjour unique de liberté, de paix et dejustice»,
célèbre la place de Saint-Marc « qui n’a pas sa pareille dans l’univers »
et la basilique « dont aucune autre n’égale la beauté! » Puis, aborda nt
les détails de la fête, il loue l’élégance et la grâce des jeunes cavaliers
vêtus de pourpre et d’or. « On croyait voir, dit-il, non des hommes
qui couraient, mais des anges qui volaient. » Pétrarque était très lié
avec Bambasio. Une clause de son testament du 4 avril 1370 en fait
foi : « Magistro Thomae Bambasio de Ferraria lego leutum meum
bonum, ut eum sonet non pro vanitate seculi fugacis, sed ad laudem
Dei æterni. y> L’année même où ce testament fut rédigé, Nicolas II
retourna à Venise. Cette fois-là, il ne s’agissait que d’un voyage
d’agrément et son frère Ugo l’accompagnait ; un des patriciens les
plus en renom, Federico Cornaro les hébergea chez lui avec leur suite.

Le temps allait venir où les princes de la maison d’Este n’auraient
plus besoin de recevoir d’autrui l’hospitalité et où ils posséderaient
à Venise une installation personnelle, comme ils en eurent à Milan,
à Florence et à Rome. Elle leur était d’autant plus nécessaire que la
République avait déjà accordé le droit de citoyen à Nicolas Ier (1331),
à Nicolas II (1388), à Albert d’Este (1393).

Dès 1364, Nicolas II avait sollicité l’autorisation d’acheter une
maison, et le sénat avait décrété qu’une habitation lui serait
offerte, mais la réalisation de cette promesse n’eut lieu qu’en 1382.

1. Frizzi, Mem. per la storia di Ferrara, t. Iü, p. 338-339.

2. Epist. de rebus senilibus. lib. IV, 2 (Opéra omnia, Bâle, 1534, in-foi., p. 782.
Bibl. nationale : Z. 1933.)
 
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