Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Gruyer, Gustave: Le palais des princes d'Este à Venise
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0434

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
390

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

En permettant aux Vénitiens de faire des enrôlements sur le territoire
de Ferrare et en leur vendant à plusieurs reprises des provisions de
blé considérables, Nicolas II venait de contribuer au salut de la
République gravement menacée par les Génois et les Padouans qui
s’étaient emparés de Chioggia. Le sénat, dans sa reconnaissance,
acheta moyennant 10,000 ducats d’or (environ 80,000 francs) et donna
au souverain de Ferrare un palais qui appartenait à la famille Pesaro
et qui était situé sur le grand canal, non loin de l’église de San
Giacomo in Luprio, appelée d’ordinaire San Giacomo di Lorio ou
dell’Orio b C’est Giacomo Palmieri de Pesaro qui avait fait construire
ce palais. Forcé par le triomphe des Gibelins d’abandonner sa ville
natale, où il était consul, il s’était réfugié à Venise, s’y était établi
entre 1221 et 1237, et y avait acquis le droit de citoyen. Peu à peu le
nom de Pesaro remplaça celui de Palmieri chez ses descendants, dont
l’un, Giovanni, eut l’honneur d’être doge. Les Pesaro possédèrent à
Venise quatre ou cinq palais.

Celui que la République avait donné au seigneur de Ferrare et
vis-à-vis duquel fut construit au xve siècle le magnifique palais Ven-
dramin, est pourvu d’une très belle façade, avec un portique au rez-
de-chaussée et une loggia au premier étage 1 2. Le portique se compose
de dix arcades soutenues par neuf colonnes à chapiteaux uniformes,
tandis que les arcades surélevées de la loggia sont au nombre de
dix-huit et ont pour soutien dix-sept colonnes à chapiteaux variés,
de style byzantin. Ces colonnes proviennent d’édifices plus anciens. De
chaque côté se trouve une tour reposant sur une base carrée : chaque
tour présente trois arcades au rez-de-chaussée, quatre au premier
étage et cinq au second; au lieu de colonnes, on y voit des pilastres
accompagnés de minces colonnettes. Pour couronnement, l’édifice a des
créneaux triangulaires séparés les uns des autres par de petites arcades
cintrées. Sur la face des créneaux et sur celle des tours, entre le pre-
mier étage et le second, ainsi qu’entre le second et les créneaux du
sommet, sont encastrées des bandes de marbre dont l’ornementation
sculptée représente des animaux symboliques, par exemple deux paons
qui boivent dans le chapiteau d’une colonnette et au-dessus desquels
volent deux colombes, un lion terrassant un crocodile et supportant

1. En 1428 la République donna aussi au marquis de Mantoue le palais qui
appartint plus tard aux Foscari.

2. On voit de profil ce portique, avec la vue dont on y jouit, dans un très beau
tableau de Canaletto que possède la galerie de Dresde et qui a été photographié
par Braun (n° 449).
 
Annotationen