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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 6
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Bouchot, Henri: Le portrait peint en France au XVIe siècle, 3: [Bourdichon. - Perreal. - Les Clouet. - Corneille de Lyon]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0518

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les laisser en don pur et simple à son fils clans des termes d’une
valeur singulière : c’est un véritable certificat d’aptitude délivré au
jeune peintre par le roi qui reconnaît les grands mérites du père
« en sondict estât et art, et en quoi/ son dict fils l'a jà très bien imyté ».
De sa charge, puisque le roi ajoute à ses éloges : « et espérons qu’il
fera et continuera encore de bien mieulx cy-après », ce qui est une
reconnaissance tacite de succession officielle L Il hérita enfin du
nom artistique de son père, car désormais le prénom de Jeannet avait
droit de cité à la cour. La familiarité des seigneurs l’avait substitué
à l’autre, quoique cependant les comptes royaux lui prêtent rarement
ce surnom ; à la mort de François Ier il reçoit du drap, pour des
habits de deuil, avec les gens de métier, il est appelé simplement
François Clouet1 2, de même aussi que dans le compte de dépense pour
le moulage de l'effigie du roi défunt3.

Et c’est précisément à cette date que nous apparait pour la pre-
mière fois François Clouet, chargé d’une œuvre importante, mais
hâtive, une sorte de corvée que lui imposait son office de peintre
ordinaire. Comme nous le disions, les gens de métier faisaient au
moyen âge tout ce qui concernait leur état; or les peintres du
xvie siècle étaient bien encore les imagiers du moyen âge. A ce titre,
on chargea François Clouet de prendre le portrait du roi mort à
Rambouillet, et on l’y conduisit en poste, accompagné d’un aide, avec
ordre de faire au plus vite. Il passa un jour à ce travail délicat,
moulant d’abord le visage en cire sur le roi, et revenant à Paris
en grande diligence pour terminer la figure portative. C’était, comme
on sait, un mannequin d’osier affublé d’une tête peinte, ornée de
cheveux et de barbe, qu’on exposait à découvert le jour des obsèques;
cette effigie était revêtue d’habits royaux et tenait le sceptre et la
main de justice. François travailla plusieurs jours dans son atelier
de Paris, avec deux hommes; il planta les cheveux et la barbe,
colora le visage à l’huile minérale, confectionna les mains qui
devaient tenir Injustice et le sceptre, jusqu’à peindre ce sceptre d’or
fin et de fleurs de lys appliquées.

Tous ces travaux extraordinaires se payaient à part bien entendu,

1. Yoy. ci-dessus. En 1547, il est dit peintre ordinaire.

2. Bib. Nat. ms. Clairambault, 1216, fol. 60. C’est dans le courant de l’année 1547.
Son nom de Janet lui est surtout donné par les poètes, Ronsard et autres.

3. Tout ce qui va suivre est tiré du compte publié par M. de Laborde. Renais-
sance des Arts, p. 82-90. La mention initiale du compte est celle-ci : « A François
Clouet, painctre ordinaire du Roy... »
 
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