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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 6
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Chennevières, Henry de: Expositions des gravures du siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0550

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494

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

faudrait même souhaiter à nos graveurs contemporains le bon esprit
pratique d’en finir avec le Salon annuel — leur mort et leur oubli,—
et de se faire des habitudes de confrérie bien vivante, en contact avec
le plein cœur de Paris par une exposition presque permanente, à l’un
des endroits les plus de passage. On se plaint du nombre toujours
restreint des curieux de gravures, mais songe-t-on seulement à
multiplier les occasions les plus capables de grossir un peu cette élite?
C’est au graveur à faire ses amateurs : à lui donc de s'en prendre à
soi-même s’il n’amène pas foule comme il le voudrait. Il suffit, en
effet, de réfléchir à l’essence de notre esprit français, tout clair et
littéraire, pour constater sa disposition naturelle au goût de l’estampe.
L’amour du livre, delà chose imprimée, si général chez nous, contient
en germe toutes les finesses du culte de la gravure, et il dépendrait
souvent de bien peu pour provoquer par centaines des vocations
d’amateurs. Si pareil résultat devait ressortir de la présente expo-
sition, jl y aurait lieu d’en recueillir les fruits immédiats et
d’entretenir les bonnes volontés inattendues, par un ensemble de
mesures un peu stimulantes pour l’amour-propre des nouveaux venus.

Avec un guide assez expert et de force à suppléer aux lacunes de
telle série, cette improvisation de petit Musée de gravures est
très suffisante à l’initiation préliminaire d’un profane. Après la base
solide et savante du vieux Desnoyers, l’ancêtre aux losanges respec-
tables, la lithographie tient une place des mieux conquises, rue de
Sèze. Charlet, Devéria, Delacroix, Decamps sont représentés en leurs
bonnes pièces caractéristiques. Daumier fait encore plus d’effet avec
la Rue Transnonain, le Bcirbé-Marbois et ses autres spécimens. C’est
décidément un artiste en dehors de toute comparaison, ce Daumier,
et plus on le voit, plus on se demande si sa puissance de concision
n’est pas là le vrai génie. On le trouve toujours jeune et d’actualité,
même dans les sujets les plus incompréhensibles à notre gaieté, car
il force ses caricatures les moins claires pour nous au plus grand
style comique, et leur assure ainsi un langage plastique supérieur au
temps et à l’éloignement. Le dessin de Gavarni n’est pas fait pour
vivre de la même manière, en le supposant, par impossible ! d’égale
valeur. On ne traite pas impunément pour l’esprit tout comme pour
la main, le monde artificiel de théâtre et de parade, sans s’habituer,
presque de force, au superficiel d’une philosophie légère où la sincérité
robuste du crayon ne trouve plus son compte. Aussi Gavarni
revenait-il à la nature, soit au portrait, soit à des séries plus
humaines comme milieu, les années où il pouvait se sentir libre du
 
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