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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 6
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Chennevières, Henry de: Expositions des gravures du siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0551

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EXPOSITION DE GRAVURES DU SIÈCLE.

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choix de ses sujets, car il n'était pas sans s’apercevoir de l’influence
de ses thèmes ordinaires sur la conduite de ses procédés manuels. Et,
on peut le dire, il éprouvait plus d’un genre de peine à se remettre,
sans transition, de la fantaisie à la nature, du moins si l’on en juge-
par plusieurs dessins de son voyage en Angleterre. Nous avons ainsi,
au Louvre, deux aquarelles de sa période de Londres : Jeune fille de
Glasgow et Fermier écossais, d’une qualité presque secondaire comme
perception de la vie. L’exemple est assez probant, car ses deux ou
trois voyages d’outre-Manche avaient surtout en vue non pas le
renouvellement de ses inspirations, mais bien celui de son œil. Il
allait chercher là, par besoin et conscience, un champ d’observation
réelle où l’inédit des types et du costume le forçât à une lutte de
dessin en contraste avec le coulant et le courant de ses improvi-
sations parisiennes. Ses pierres lithographiques, de cette même
influence anglaise, dénotent tout pareillement une très habile incer-
titude dans la ressaisie immédiate de la vérité vivante. D’ailleurs,
l’exposition de la rue de Sèze n’avait pas à faire trop voir ces incidents
fugitifs de la maîtrise de Gavarni, et sauf un Highlander mis là pour
argument, peut-être, les pièces de l’artiste sont de la plus foncière
réussite. Les portraits y dominent : Edmond et Jules de Goncourt,
Alfred de Musset, la Duchesse dé A branles, Mêlante Valdor, à côté du Bal
de la Chaussée-cVAntin, de Thomas Vireloque, de la Lanterne magique et
des Scènes de la Halle.

Ah! le bel art délicat, ce procédé de la lithographie, et comme il
communique au papier une impression caressante et lustrée! Si Bos-
suet détonnait moins en matière lithographique, on répéterait son
mot : « Toute douceur y abonde », pour l’appliquer au crayeux argen-
tin de ces surfaces presque veloutées. Et puis, c’est un mode tout
original de création, identique à l’eau-forte, pour le peintre, pour le
dessinateur, en travail d’une idée ou d’une forme, car il prête tout
aussi largement et plus sûrement même à la fixation d’une image.
Depuis Gavarni et après Aubry-Lecomte, Sudre et Gigoux, le nombre
des bons lithographes s’est renouvelé, chaque dix ans, avec un zèle
et un succès remarquables. Frère, Nanteuil, Pirodon, Eugène Le
Roux, Sirouy, Robaut, Lemoine, Français, Laurens, Bellanger, Mau-
ron, Thomley, Lunoi, Gilbert, Vernier, Cliauvel, Fantin-Latour, ont
eu leur part considérable de cette floraison indiscutable. On s’explique
même d’autant moins la défaveur passagère d’aujourd’hui, en face du
mérite toujours soutenu des productions du genre. L’administration
des Beaux-Arts n’a pas voulu tenir compte, avec raison, de cette
 
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