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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Ephrussi, Charles: François Gérard, 2: d'après les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0084

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FRANÇOIS GÉRARD.

le plus nécessaires. Elle doit donc se trouver dans les bureaux, ainsi que les plans
détaillés de la villa Médicis et de ses dépendances, levés dans le même temps par
cet architecte.

« On pourrait chaque année, et par portions, nous envoyer d’abord les livres que
nous avons demandés, puis ceux qu’on jugerait particulièrement propres à l’éta-
blissement et à l’instruction en général. Le ministère a coutume de souscrire pour
des ouvrages nouveaux dont un exemplaire pourrait être de droit destiné à l’École
de Rome. Ainsi le complément de ce qui a trait à l'étude entraînerait peu de dépenses.

« Les règlements relatifs aux travaux obligatoires des pensionnaires sont bons,
en général. Celui envoyé récemment par l’Académie qui demande des dessins
d’après nature et d’après l’antique ne sera, je crois, exécuté qu’imparfaitement. Il
paraît assez difficile d’astreindre des artistes, qui ont fait leurs preuves à cet
égard et qui ont obtenu le grand prix, à faire, autrement qu’à leur gré dans la
manière qui leur est propre et chacun pour le besoin qu'il en a, des études rendues
telles qu’on doiL les exiger de ceux qui viennent s’asseoir sur les bancs de l’École;
mais elles doivent être obligatoires pour les graveurs de tous genres.

« L’emploi de la cinquième année du pensionnat des peintres et des sculpteurs
me semble pouvoir leur être rendu plus profitable, plus intéressant pour eux
comme pour le gouvernement. Je me propose de soumettre à cet égard quelques
observations à l’Académie. Je vais d’abord vous en faire part, attendu que votre
opinion pourra ou venir à l’appui de la mienne ou la rectifier. Je veux parler des
copies exigées des peintres et des sculpteurs. Il semble très peu utile et très fasti-
dieux pour un artiste qui, au moment où il a remporté le prix, était plus
habile qu’il ne faut pour faire une bonne copie, de se voir obligé d’en faire
une lorsque, après trois années d’études à Rome, il aspire à produire par lui-même.
Un travail exigé et qu'il fait à contre cœur ne peut guère lui être profitable. Il
faut considérer que, hors un petit nombre de chefs-d’œuvre, il n’y a pas de
tableaux de grands maîtres qui n’offrent quantité d’objets dont l’imitation ne peut
rien apprendre au peintre dont la main est formée, tels qu’architecture, accessoires,
draperies même, etc. Des études, peintes ou dessinées, des plus belles parties d’un
tableau ou une esquisse peinte pour avoir l’ensemble de l’effet et de sa couleur,
sont faites plus promptement et produisent à un artiste tout le fruit qu’il peut
tirer du bel ouvrage. A cette contrariété qu’éprouve le peintre, forcé de copier un
tableau entier, se joignent des difficultés positives qu’il est souvent impossible de
lever, celle, par exemple, d’avoir un beau tableau à sa disposition. Rome ne pos-
sède plus, comme autrefois, un grand nombre de galeries où les artistes étaient
admis à copier. Beaucoup de galeries sont vides, d’autres ont éprouvé de grandes
pertes. La galerie Doria seule est restée intacte, mais il n’est plus permis d’y tra-
vailler. La galerie Borghèse est encore fort riclie, mais on y admet à étudier qu un
nombre fixé d'artistes; il faut se faire inscrire et attendre son tour. On ne permet
pas qu’un tableau soit déplacé. Les possesseurs de beaux tableaux ne veulent
point s’en priver, s’ils les ont pour leur jouissance, encore moins s’ils les ont par
spéculation. Il est donc devenu presque impossible que nos peintres trouvent à
copier de bons tableaux. J’en donnerai pour preuve la plupart des copies qui ont
été faites depuis le rétablissement de l’École de Rome. Ce n’est ni la paresse des
pensionnaires, ni la négligence du directeur qui ont déterminé le choix des
ouvrages, c’est l’impossibilité d’en avoir de meilleurs à sa disposition.
 
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