Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Reinach, Salomon: La victoire de Samothrace
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0103

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
90

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

joué de rôle politique dans l’histoire ancienne. Mais, comme les îles
voisines, Lemnos et Imbros. elle fut un des plus anciens foyers du
culte des Cabires, divinités phéniciennes que les Grecs ont identifiées
aux Dioscures1 et où les Romains voulurent plus tard reconnaître leurs
Pénates \ Ce culte lui valut, surtout depuis le milieu du ive siècle
avant notre ère, une grande affluence de pèlerins. Philippe de Macé-
doine et sa femme Olympias donnèrent l’exemple, en se faisant
initier aux mystères de Samothrace 3 ; Persée s’y réfugia après la
bataille de Pydna, comme dans un asile que la religion rendait
inviolable *. Même sous l’empire, Samothrace eut de nombreux
visiteurs qui venaient chercher la protection de ses dieux, invoqués
par les navigateurs en détresse ; nous possédons plusieurs inscriptions
de cette époque où des Romains, initiés au culte cabirique, ont fait
graver leurs noms suivis des mots MYSTAE PII5. Sans avoir jamais
eu l’importance commerciale de l’île d’Apollon, Samothrace a été le
centre religieux du nord de l’Archipel, comme Délos, avant sa dévas-
tation par Ménophane, fut celui du sud de la mer Egée.

Cyriaque d’Ancône, le célèbre voyageur antiquaire que l’on a
surnommé le père de l'épigraphie, vint à Samothrace en 1444 6 et y
signala un bas-relief qui est aujourd’hui au Musée du Louvre.
Pendant près de quatre siècles après cette visite, l’île, tombée
en 1457 au pouvoir des Turcs, n’est plus qu’un nom sur les cartes.
L’auteur d’un article dans le Dictionary of geography de Smith, rédigé
vers 1850, pouvait dire que pas un voyageur ne l’avait encore explorée.
C’était une erreur, mais une erreur vénielle, car les premiers anti-
quaires modernes qui se hasardèrent ày descendre, Richter7, Kiepert8,
le baron de Behr 9, passèrent à peine quelques heures parmi ses
ruines à moitié ensevelies.

Aujourd’hui, Samothrace est une des îles les mieux connues
de l’Archipel. M. Conze y séjourna pendant plusieurs semaines

1. Pausanias, X, 38, 7.

2. Macrobe, III, 4.

3. Plutarque, Alexandre, II.

4. Tite-Live, XLV, G.

5. Corpus inscr. latin., t. III, p. 132, 1329.

6. Ibid., t. III, p. 131.

7. Voir la publication posthume : Otto Friederich von Richter, Wallfahrten im
Morgenlande, Berlin, 1822, p. 437.

8. Kiepert, Annali dell’ lnstiluto, 1842, p. 139.

9. Baron de Behr, Recherches sur l’histoire des temps héroïques de la Grèce,
Paris, 1856.
 
Annotationen