152
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
habituellement avec lui, et Aubert en avait dessiné la porte. De tout
cela il ne subsiste plus que les gravures publiées par Mariette. En
même temps la duchesse avait fait édifier un second hôtel destiné au
marquis de Lassay et relié par un passage souterrain au palais
Bourbon. Il sert aujourd’hui de demeure au président de la Chambre.
L’hôtel de Lassay était orné d’un beau portail à colonnes dont les
vantaux sculptés ont été remplacés par une menuiserie moderne.
Les salons de la Présidence sont décorés des boiseries sculptées et
des dessus de porte peints pour l’amateur marquis de Lassay, qui
y avait rassemblé une admirable collection de tableaux, mais les
nombreuses couches de peinture et de dorure qui les recouvrent, ont
bien alourdi ces compositions que les gravures de Mariette nous font
voir dans leur première fleur. A la suite de ces deux hôtels, les
princes de Condé avaient fait construire- plus tard une suite de
petits appartements et-de salons élégamment décorés par Bélisard, et
complétés par une grande orangerie et par des portiques en treillage,
dont l’emplacement est occupé par le Ministère des Affaires étran-
gères. Plusieurs des peintures de cette annexe avaient été utilisées
dans les constructions nouvelles et quelques-unes ont été remises
récemment au Musée du Louvre, en même temps qu’un groupe de
Pigalle, 1 ' Amour et l’Amitié, qui figurait dans les jardins.
En suivant le quai d’Orsay, on rencontre le pavillon à bossages
construit en 1786, par les frères Perrier, pour approvisionner d’eau
les quartiers du Gros-Caillou et du faubourg Saint-Germain. Plus loin
sont établis les vastes magasins du Mobilier National et du Dépôt des
Marbres, dont nous n’aurions rien à dire, s’ils n’avaient pas trop
souvent été les témoins des ventes d'objets mobiliers et de sculptures
décoratives condamnés par le Domaine, malgré leur valeur artis-
tique. Entre mille exemples de ce vandalisme administratif que nous
connaissons, nous nous bornerons à dire qu’en 1860, l’administration
avait mis aux enchères une quantité considérable de sculptures en
marbre, de vases en granit et en porphyre, provenant de châteaux et
d’hôtels appartenant à la liste civile, en même temps que toute une
cargaison de boiseries sculptées et de dessus déportés à sujets peints
et entourés d’ornements dorés des règnes de Louis XIV et de
Louis XV. Tout cela fut adjugé à des prix dérisoires, et une grande
partie des peintures avaient été acquises par M. Boulard, fils du
célèbre bibliophile, pour prendre place dans une maison qu’il faisait
construire sur le boulevard Maillot et qui est passée peu de temps
après en des mains inconnues.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
habituellement avec lui, et Aubert en avait dessiné la porte. De tout
cela il ne subsiste plus que les gravures publiées par Mariette. En
même temps la duchesse avait fait édifier un second hôtel destiné au
marquis de Lassay et relié par un passage souterrain au palais
Bourbon. Il sert aujourd’hui de demeure au président de la Chambre.
L’hôtel de Lassay était orné d’un beau portail à colonnes dont les
vantaux sculptés ont été remplacés par une menuiserie moderne.
Les salons de la Présidence sont décorés des boiseries sculptées et
des dessus de porte peints pour l’amateur marquis de Lassay, qui
y avait rassemblé une admirable collection de tableaux, mais les
nombreuses couches de peinture et de dorure qui les recouvrent, ont
bien alourdi ces compositions que les gravures de Mariette nous font
voir dans leur première fleur. A la suite de ces deux hôtels, les
princes de Condé avaient fait construire- plus tard une suite de
petits appartements et-de salons élégamment décorés par Bélisard, et
complétés par une grande orangerie et par des portiques en treillage,
dont l’emplacement est occupé par le Ministère des Affaires étran-
gères. Plusieurs des peintures de cette annexe avaient été utilisées
dans les constructions nouvelles et quelques-unes ont été remises
récemment au Musée du Louvre, en même temps qu’un groupe de
Pigalle, 1 ' Amour et l’Amitié, qui figurait dans les jardins.
En suivant le quai d’Orsay, on rencontre le pavillon à bossages
construit en 1786, par les frères Perrier, pour approvisionner d’eau
les quartiers du Gros-Caillou et du faubourg Saint-Germain. Plus loin
sont établis les vastes magasins du Mobilier National et du Dépôt des
Marbres, dont nous n’aurions rien à dire, s’ils n’avaient pas trop
souvent été les témoins des ventes d'objets mobiliers et de sculptures
décoratives condamnés par le Domaine, malgré leur valeur artis-
tique. Entre mille exemples de ce vandalisme administratif que nous
connaissons, nous nous bornerons à dire qu’en 1860, l’administration
avait mis aux enchères une quantité considérable de sculptures en
marbre, de vases en granit et en porphyre, provenant de châteaux et
d’hôtels appartenant à la liste civile, en même temps que toute une
cargaison de boiseries sculptées et de dessus déportés à sujets peints
et entourés d’ornements dorés des règnes de Louis XIV et de
Louis XV. Tout cela fut adjugé à des prix dérisoires, et une grande
partie des peintures avaient été acquises par M. Boulard, fils du
célèbre bibliophile, pour prendre place dans une maison qu’il faisait
construire sur le boulevard Maillot et qui est passée peu de temps
après en des mains inconnues.