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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 3
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Ephrussi, Charles: François Gérard, 3: d'après les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0228

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207

FRANÇOIS GÉRARD.

Malgré ces cordiales relations avec l’ancien duc d’Orléans, Gérard,
sans aucune affectation de légitimité chevaleresque, demeura fidèle
au souvenir de la monarchie déchue. Quand on lui présenta la
feuille d’émargement sur laquelle il était inscrit comme premier
peintre du roi, il répondit en ces termes à l’un des administrateurs
provisoires de la nouvelle liste civile :

« Monsieur, je n’ai pas cru devoir signer l'état d’émargement de l'administration
du Muséum qui m’a été présenté aujourd’hui. Le titre de premier peintre du roi
dont Louis XVIII avait bien voulu m’honorer et le traitement qu’il y avait attaché,-
ne semblent guère en harmonie avec le nouvel ordre de choses. Je n’ai aucune
idée du parti qui sera pris à cet égard; mais j’éprouverais un véritable embarras
à toucher les honoraires d’une place qui, n’ayant aucune sorte d’attribution, est
plus que toute autre passible des réformes qui peuvent être projetées. Je ne crains
pas, Monsieur, que ma démarche soit mal interprétée; j’ose même être assuré que
le roi la trouvera naturelle, puisque je suis assez heureux pour que S. M. connaisse
tous mes sentiments. »

Cet acte de désintéressement était d’autant plus honorable que
Gérard était déjà vieux, que sa vue s’affaiblissait tous les jours, et
qu’il avait un état de maison important à soutenir. La reconnais-
sance envers la dynastie déchue et le sentiment de la dignité
personnelle firent taire de légitimes préoccupations d’intérêt maté-
riel. Louis-Philippe apprécia comme il convenait cette délicate fierté ;
il se contenta de supprimer la place et le titre sans tenir rancune au
peintre qui, en 1833, fut désigné par une commission ad hoc pour
faire le portrait officiel du souverain 1.

Ces dernières années sont naturellement moins occupées que les
temps de la jeunesse et de la maturité : quelques portraits, entre
autres ceux de Lamartine (1831, gravé par Girard), de Mrae Alexandre
Gérard (1831), de la duchesse Pozzo di Borgo (1832), de Humboldt
(1833), du général Hoche (1836), vinrent s’ajouter à sa galerie de
personnages célèbres. En même temps, Gérard reprenait une toile
longtemps restée à l’état d’ébauche, dont le sujet était emprunté à
l’Iliade ; A la vue des armes divines que sa mère lui apporte, Achille, reje-
tant l’appareil du deuil, appelle ses compagnons d'armes à venger la mort
de Patroc le ; grande composition qui, bien que demeurée inachevée,
est un des plus précieux ornements du Musée de Caen auquel le neveu
de Gérard l’a offerte. Un autre tableau, la Peste de Marseille, belle
composition largement peinte (1835), fut donnée, par Gérard même,

I. La gravure d’après ce. portrait est un des chefs-d’œuvre de M. Henriquel-
Dupont.
 
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