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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
la cour de Bourgogne et peut-être à celui qui a illustré les Chroniques
de Hainaut conservées aujourd’hui à la Bibliothèque royale de
Bruxelles.
L’Avis directif placé en tête du volume est orné de quatre minia-
tures. Dans la première, nous voyons Jean Mielot présentant à
Philippe le Bon la traduction faite par son ordre de l’ouvrage de frère
Brochard. Dans la seconde, frère Brochard accompagné par un autre
dominicain, fait hommage à Philippe le Bel du livre qu'il vient de
composer. La troisième miniature nous représente le roi de France
partant pour l’expédition contre les infidèles et chevauchant entouré
de ses barons. La quatrième est une vue de Jérusalem à vol d’oiseau.
En y donnant quelque attention, on peut reconnaître, bien que défi-
gurés, le temple de Salomon ou mosquée d’Omar, l’église du Saint-
Sépulcre, la tour des Pisans et le Cénacle.
Les deux miniatures qui sont placées dans la relation du Voyage
d’outremer de Bertrandon de la Brocquière offrent un intérêt inégal.
L’une d’elles nous donne une vue cavalière de Constantinople occupée
par les Turcs : la fantaisie y joue un si grand rôle qu’elle ne mérite
guère que Ton s’y arrête. Au contraire, celle que la pointe de Jacque-
mart a reproduite avec tant d’exactitude et de délicatesse nous offre
les détails les plus intéressants : ils nous sont fournis, du reste, par
Bertrandon de la Brocquière lui-même. L’artiste a représenté le duc
de Bourgogne sortant de l’abbaye de Potières, où il avait établi son
quartier général, pendant que ses troupes faisaient le siège de la
ville de Mussi-l’Evêque. Bertrandon de la Brocquière, descendu du
cheval qu’il avait acheté à Damas, fléchit le genou devant son seigneur
et lui offre le volume renfermant la traduction du Coran et l’histoire
de Mahomet que lui avait données le chapelain du consul de Venise
à Damas. Le personnage qui tient la bride du cheval de Bertrandon est
un ouvrier maçon de Bray-sur-Somme, qu’il avait ramené de Pesth.
Bertrandon de la Brocquière nous décrit les costumes qu’il adopta
pour accomplir son voyage en toute sécurité. Pendant son séjour à
Damas, il avait été en rapport avec Jacques Cœur et d’autres mar-
chands français, vénitiens, génois et catalans. Lorsqu’il leur fit part
de son projet de revenir en France par la voie de terre, ils lui repré-
sentèrent les périls auxquels il serait exposé et ils lui déclarèrent
unanimement l’entreprise irréalisable.
Un marchand génois, Jean de Mina, lui proposa de le présenter
et de le recommander à Khodja Borak, négociant notable de Brousse,
qui revenait du pèlerinage de la Mecque et était le chef de la cara-
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la cour de Bourgogne et peut-être à celui qui a illustré les Chroniques
de Hainaut conservées aujourd’hui à la Bibliothèque royale de
Bruxelles.
L’Avis directif placé en tête du volume est orné de quatre minia-
tures. Dans la première, nous voyons Jean Mielot présentant à
Philippe le Bon la traduction faite par son ordre de l’ouvrage de frère
Brochard. Dans la seconde, frère Brochard accompagné par un autre
dominicain, fait hommage à Philippe le Bel du livre qu'il vient de
composer. La troisième miniature nous représente le roi de France
partant pour l’expédition contre les infidèles et chevauchant entouré
de ses barons. La quatrième est une vue de Jérusalem à vol d’oiseau.
En y donnant quelque attention, on peut reconnaître, bien que défi-
gurés, le temple de Salomon ou mosquée d’Omar, l’église du Saint-
Sépulcre, la tour des Pisans et le Cénacle.
Les deux miniatures qui sont placées dans la relation du Voyage
d’outremer de Bertrandon de la Brocquière offrent un intérêt inégal.
L’une d’elles nous donne une vue cavalière de Constantinople occupée
par les Turcs : la fantaisie y joue un si grand rôle qu’elle ne mérite
guère que Ton s’y arrête. Au contraire, celle que la pointe de Jacque-
mart a reproduite avec tant d’exactitude et de délicatesse nous offre
les détails les plus intéressants : ils nous sont fournis, du reste, par
Bertrandon de la Brocquière lui-même. L’artiste a représenté le duc
de Bourgogne sortant de l’abbaye de Potières, où il avait établi son
quartier général, pendant que ses troupes faisaient le siège de la
ville de Mussi-l’Evêque. Bertrandon de la Brocquière, descendu du
cheval qu’il avait acheté à Damas, fléchit le genou devant son seigneur
et lui offre le volume renfermant la traduction du Coran et l’histoire
de Mahomet que lui avait données le chapelain du consul de Venise
à Damas. Le personnage qui tient la bride du cheval de Bertrandon est
un ouvrier maçon de Bray-sur-Somme, qu’il avait ramené de Pesth.
Bertrandon de la Brocquière nous décrit les costumes qu’il adopta
pour accomplir son voyage en toute sécurité. Pendant son séjour à
Damas, il avait été en rapport avec Jacques Cœur et d’autres mar-
chands français, vénitiens, génois et catalans. Lorsqu’il leur fit part
de son projet de revenir en France par la voie de terre, ils lui repré-
sentèrent les périls auxquels il serait exposé et ils lui déclarèrent
unanimement l’entreprise irréalisable.
Un marchand génois, Jean de Mina, lui proposa de le présenter
et de le recommander à Khodja Borak, négociant notable de Brousse,
qui revenait du pèlerinage de la Mecque et était le chef de la cara-