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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 5
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Seidel, Paul: Antoine Pesne, 2: premier peintre de Frédéric le Grand
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0465

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ANTOINE PESNE.

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Berlin, comme nous l’avons dit, était complètement tombée, et, en
vérité, on ne pouvait guère espérer mieux de la part d’une société
dont l’état annuel ne dépassait pas 200 écus. En 1732, Pesne adressa
un écrit au roi, où il s’offrait à mettre l’Académie de Berlin sur le
pied de celles de Vienne et de Dresde, à la condition qu’on le créât,
lui-même, directeur. Le roi admit la demande et fit prendre les me-
sures nécessaires, mais il ne nous est rien resté qui permette de con-
clure que Pesne soit effectivement entré en fonctions comme directeur
de l’Académie : c’est seulement l’année de sa mort, en 1757, que les
livres d’adresses le mentionnent comme membre de cette compagnie.

En 1734, Berlin fut en danger de perdre Pesne, au moins pour
quelque temps : l’impératrice de Russie avait, en effet, prié le roi
d’autoriser l’artiste à venir, pour quelque temps, à Pétersbourg, pour
y faire son portrait et celui des membres de la famille impériale. Le
20 décembre, Pesne reçut du roi l’ordre de commencer son voyage;
« le plus tôt sera le mieux » ; mais, déjà le 23 du même mois, le roi
l’autorise à exposer à l’envoyé de Russie les raisons qui l'empêchent
de faire ce voyage. De quelle nature étaient ces raisons, les docu-
ments ne le disent pas, mais elles devaient avoir un caractère très
pressant, car le roi n’avait ni l’habitude, ni le goût de souffrir que
ses ordres fussent contredits.

Les années les plus heureuses de la vie artistique de Pesne sont
assurément celles où il allait passer plusieurs mois à Rheinsberg,
dans la résidence du jeune prince royal : il s’y trouvait en compa-
gnie de son ami l’architecte Knobelsdorff, le conseiller artistique de
Frédéric. Chargé de décorer le château de plafonds peints, il y
avait aussi pour occupation de faire les portraits du prince, de sa
femme, et de son entourage immédiat; et ces peintures laissent voir
clairement comment l’influence de l’éducation française, jointe à un
grand sens artistique naturel, ont pu ranimer et rajeunir le talent
de l’artiste, âgé déjà de plus de cinquante ans. Pesne retrouvait ici
l’air de sa patrie et donnait de nouveau à son art un autre but que la
simple ressemblance du modèle. Dans ce petit château écarté, perdu
dans une contrée sablonneuse, mais placé au bord d’un charmant
lac et entouré de bois magnifiques, Frédéric s’était créé une patrie
idéale, et il avait fait de Rheinsberg cette préface à Sans-Souci qui
reste encore aujourd’hui un lieu de pèlerinage pour tous les admi-
rateurs du grand roi. Dans une chambre de l’une des tours, séjour
préféré du prince, se trouvait, derrière les vitrines luxueusement
encadrées, la bibliothèque : c’est là qu’était ce grand trésor artis-
 
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