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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 6
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Rod, Édouard: Les salons de 1891 au Champ-de-Mars et aux Champs-Élysées, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0504

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LES SALONS DE 1891.

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qui s’en vont décorer les édifices publics, comme le Suffrage universel,
que M. Bramtot destiné à la salle du conseil de la mairie des Lilas.

— Le fait est que c’est triste à voir... Mais aussi, comment voulez-
vous donc vous y prendre pour donner quelque majesté à ces cérémo-
nies, qui n’en ont guère? Une scène de bureau électoral, cela ne dit
rien à l’imagination. Et, en somme, c’est bien cela : il y a devant
l’urne les membres du bureau, qui sont convaincus de leur haute
importance et semblent fort occupés ; les ouvriers, les petites gens,
arrivent en ôtant leur casquette, pleins de respect pour l’heure grave
où ils usent de leur part de souveraineté ; les électeurs influents, déco-
rés, qui ont rempli leurs devoirs de citoyen avec une tranquille affec-
tation de détachement, s’en retournent chez eux, en supputant les
résultats probables de la journée, avec des gestes lents; et il peut
fort bien y avoir dans un coin une petite fille timide, entrée pour
voir, avec son cerceau, derrière son papa, et à laquelle personne n’a
demandé sa carte... Que vous faut-il de plus?... Est-ce que par hasard
vous ne sentiriez pas la grandeur de cette scène simple et popu-
laire?...

— ... Elle me rappelle un mot délicieux que rapporte M. Ludovic
Halévy dans ses Notes et Souvenirs : M. Prudhomme est venu voter; il
a amené son fils pour lui raconter comment un citoyen remplit ses
devoirs. Avec son habituelle majesté, il va signer son bulletin; l’acte
accompli, il dit à son fils ; « Tu as bien vu?... maintenant, mon vote
est dans l’urne... » — « Mais, papa, répond l’enfant, tu l’as mis dans
une boîte... » — « Eh bien! mon fils, explique doucement le grave
électeur, cette boite est une urne! » — Yoilà la légende qui manque
au tableau de M. Bramtot!... Du reste, ne nous y attardons pas;
nous finirions par oublier le respect dû aux bons maires qui songent
à égayer les yeux de leurs administrés en recouvrant de panneaux
pâles les murailles blanches de leurs édifices. Ils font ce qu’ils peu-
vent. Que grâces leur soient rendues! Venez plutôt regarder encore
avec moi deux ou trois toiles que je tiens à vous signaler. Tenez!
sans quitter cette salle, n’aimez-vous pas cette aimable composition
de Mile Beaury-Saurel, le Travail ?

— Le motif en est un peu cherché peut-être, mais les tons sont
d’une grâce parfaite, le dessin est élégant et soigné, la figure est
gracieusement posée.

— Cela nous conduit aux portraits. Qu’en dites-vous donc, des
portraits qui sont disséminés dans ces salles?

— Il y a d’abord celui de Mme A. C., de Bonnat, qui est un bon

V. — 3e PÉRIODE. 59
 
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