GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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quables estampes se dégage un charme poétique. John-Lewis Brown
pratiquait hier encore la lithographie à deux teintes avec une
personnalité très marquée : ses cavaliers et ses amazones de nos
jours, ses scènes de sport auront certainement pour le public de 1950
autant d’intérêt qu’en ont pour nous à présent les cavaliers de Carie
et Horace Yernet. Lunois, déjà nommé, réparait ici comme litho-
graphe original, avec sa Hollandaise de Volendam, sa Belle Tulipe, sa
Pileuse arabe et sa Convalescence, toutes pièces exécutées au lavis avec
une rare habileté. Le baron de Laage dessine de grandes études
d’animaux carnassiers, en employant quelquefois la lithographie en
couleurs. Robida, avec ses Vues de Bretagne, cherche à ressusciter un
genre qui donna, du temps du baron Taylor, des pièces bien pré-
cieuses : l’archéologie pittoresque; Jules Chéret, ayant fait récem-
ment une exposition de ses affiches, a jugé qu’il n’y avait pas lieu de
les montrer à nouveau; il a donc organisé un envoi de fin lithographe
exclusivement avec des pièces destinées à l’illustration : on trouve
toute sa verve, sa fantaisie et son élégance dans Lajoie, Le Bal, La
Folie, Le Plaisir, dans les titres d’Espana, de la Valse des Brunes et des
Blondes, de Courte et Bonne, de La Gomme, de Graine d’horizontales, de la
Tombola Paris-Anvers, etc. A signaler aux curieuxune petite pièce très
amusante comme estampe de mœurs : Une redoute chez Arsène Houssaye;
ceci date de 1863.
Voici encore d’autres artistes qui ont, sinon l’habitude, du moins
la curiosité du crayon lithographique : Degas, avec son Programme
pour une fête des élèves du lycée de Nantes; Raflfaëlli, avec une Tête de
charretier grande comme nature; Odilon Redon, avec sa belle pièce,
les Yeux clos; Grenier, avec son Atelier de sculpteur; La Pinelais qui,
en sa qualité d’officier de marine, dessine des bâtiments de guerre et
des marins; Miss Mary Cassatt, avec une élégante Spectatrice qui
lorgne; Patrice Dillon, qui nous montre un échantillon du Public du
cirque. Enfin Willette, qui s’est mis hier à lithographier, et qui dans
son affiche de Y Enfant prodigue, dans les illustrations de son journal
Le Pierrot, enfin dans le frontispice du Catalogue de la présente
exposition de lithographie, se révèle lithographe né, plein d’originale
fantaisie et ayant obtenu d’emblée sans tâtonnements la qualité la
plus difficile : de jolis blancs.
La lithographie originale est donc loin d’ètre un art perdu. Ce
qu’il lui faudrait pour prospérer, c’est fi’être appréciée et adoptée par
un plus grand nombre de peintres. C’est surtout à l’intention des
peintres qu’a été organisée la partie historique et rétrospective de
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quables estampes se dégage un charme poétique. John-Lewis Brown
pratiquait hier encore la lithographie à deux teintes avec une
personnalité très marquée : ses cavaliers et ses amazones de nos
jours, ses scènes de sport auront certainement pour le public de 1950
autant d’intérêt qu’en ont pour nous à présent les cavaliers de Carie
et Horace Yernet. Lunois, déjà nommé, réparait ici comme litho-
graphe original, avec sa Hollandaise de Volendam, sa Belle Tulipe, sa
Pileuse arabe et sa Convalescence, toutes pièces exécutées au lavis avec
une rare habileté. Le baron de Laage dessine de grandes études
d’animaux carnassiers, en employant quelquefois la lithographie en
couleurs. Robida, avec ses Vues de Bretagne, cherche à ressusciter un
genre qui donna, du temps du baron Taylor, des pièces bien pré-
cieuses : l’archéologie pittoresque; Jules Chéret, ayant fait récem-
ment une exposition de ses affiches, a jugé qu’il n’y avait pas lieu de
les montrer à nouveau; il a donc organisé un envoi de fin lithographe
exclusivement avec des pièces destinées à l’illustration : on trouve
toute sa verve, sa fantaisie et son élégance dans Lajoie, Le Bal, La
Folie, Le Plaisir, dans les titres d’Espana, de la Valse des Brunes et des
Blondes, de Courte et Bonne, de La Gomme, de Graine d’horizontales, de la
Tombola Paris-Anvers, etc. A signaler aux curieuxune petite pièce très
amusante comme estampe de mœurs : Une redoute chez Arsène Houssaye;
ceci date de 1863.
Voici encore d’autres artistes qui ont, sinon l’habitude, du moins
la curiosité du crayon lithographique : Degas, avec son Programme
pour une fête des élèves du lycée de Nantes; Raflfaëlli, avec une Tête de
charretier grande comme nature; Odilon Redon, avec sa belle pièce,
les Yeux clos; Grenier, avec son Atelier de sculpteur; La Pinelais qui,
en sa qualité d’officier de marine, dessine des bâtiments de guerre et
des marins; Miss Mary Cassatt, avec une élégante Spectatrice qui
lorgne; Patrice Dillon, qui nous montre un échantillon du Public du
cirque. Enfin Willette, qui s’est mis hier à lithographier, et qui dans
son affiche de Y Enfant prodigue, dans les illustrations de son journal
Le Pierrot, enfin dans le frontispice du Catalogue de la présente
exposition de lithographie, se révèle lithographe né, plein d’originale
fantaisie et ayant obtenu d’emblée sans tâtonnements la qualité la
plus difficile : de jolis blancs.
La lithographie originale est donc loin d’ètre un art perdu. Ce
qu’il lui faudrait pour prospérer, c’est fi’être appréciée et adoptée par
un plus grand nombre de peintres. C’est surtout à l’intention des
peintres qu’a été organisée la partie historique et rétrospective de