Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 18.1897)

LE SALON DE 1897

(SOCIÉTÉ NATIONALE DES BEAUX-ARTS)

(deuxième et dernier article')

La finesse du goût elle dilettantisme dans l’art sont la marque
très accentuée de notre époque, et nos artistes n’y ont pas échappé.
Gela n’a rien à faire avec la mode ; pourtant c’est une sorte d’entraî-
nement qui vient d’un violent intérêt pour les découvertes artis-
tiques et d’un amour inné de la chose d'art. Je suis cet état d’âme
dans plusieurs de nos confrères, parmi lesquels un des plus artistes,
à coup sûr, estM. Henry Lerolle. La vieille amitié qui me lie à lui
depuis plus de trente ans m’a permis d’étudier tous les enthou-
siasmes au travers desquels il a passé, en restant, grâce à ses dons
charmants, toujours semblable à lui-même. 11 fut toujours avant tout
un harmoniste. Aussi, personne ne parle-t-il mieux de Rembrandt
que lui. Lorsqu'il était coloriste, nul n’eut plus que lui le don de la
richesse, et à l’époque où il voyait encore les rouges et les jaunes,
nul mieux que lui ne savait les disposer au milieu des gris les plus
savants. De ses anciennes passions, celle du gris lui est restée, et

1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. XVII, p. 503.