Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 18.1897)

BAUDOUIN PEINTRE RELIGIEUX

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Alors, sans les transformer, en leur gardant leur frimousse
chiffonnée, leurs chairs frisotées, leur impudeur païenne, il
en fabrique des chérubins, des séraphins, de petits purs esprits,
n’ayant que tête et ailes, drôlement tournés, espiègles, joueurs
comme des zéphyres. Au cours des chapitres, suivant qu’ils
doivent être sérieux ou joyeux, il les prosterne ou les chasse à
travers les nuages carmins, papillotte leur corps tout rond de
lumières brillantes, les fait chauds dans le sombre, on roses dans
le soleil. C’est un rien que ceci; conduites par lui, cos théories de

SAINT LUC ÉCRIVANT SON ÉVANGILE
Camaïeu original de Baudouin

petits' êtres, réchauffant la tristesse des sujets pieux, disent une
religion bien particulière, où l’enfer est relégué loin des yeux. Les
saints, les anges, les dominations de Baudouin ont trop d’esprit pour
effrayer; ils chantent le Dieu bon et miséricordieux aux faiblesses
humaines. Je donne à penser comme Louis XV ou Mme du Barry,
même les prélats officiants et tournant ces feuillets, eussent été
récréés d’apercevoir sur chacun l’image terrible ! Loin de là, et
l’artiste courtisan se trahit dès la première page : tout esta la gaîté,
même où on ne la chercherait pas, à Bethléem, dans 1 ’étahle, quand
les bergers des Cerises ou à’Annette et Lnbin s’en viennent adorer
l’Enfant Jésus, lequel ne manque de rien au monde. Et qui est la
Vierge? Mmc Baudouin, encore sûrement, idéalisée, ayant laissé à la
porte les beaux habits endossés pour le Coucher cle la mariée ou la
Consolation de l'absence. Et le bon saint Joseph, si bien chez lui,