Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Blochet, Edgar: Les miniatures des manuscrits musulmans, 2
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0123

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
110

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Anne de Bretagne ou celui du duc de Berry, malgré toute leur délica-
tesse, leur sont bien inférieures. C’est surtout dans les portraits de
bayadères et, en général, de jeunes femmes, que les peintres de l’Inde
ont déployé toutes les ressources de leur art. Leurs différents vête-
ments sont tous visibles les uns sous les autres, au travers de leurs
robes de gaze brodée d’or, et cette transparence va si loin que l’on est
tenté de prendre ces jeunes filles pour les houris du paradis du pro-
phète, dont les vêtements ne voilaient pas les formes les plus secrètes.

Les portraits de souverains, qui sont une partie très impor-
tante de l'art, aux Indes comme en Perse, sont tout aussi remar-
quables ; on les voit représentés à cheval, entourés d’une nombreuse
suite d’émirs et de cavaliers de leur halkah, ou montés sur un élé-
phant, avec un serviteur qui agite un éventail au-dessus de leur tête,
ou assis sur leur trône, dans la grande salle du palais de Dehli. Dans
quelques-unes de ces peintures, on remarque un sentiment de la
perspective fort rare en Orient ; mais il est presque sûr qu’il ne faut
point voir dans ce fait une évolution naturelle de l’art indo-persan,
mais simplement une influence de Part occidental. Toutes les pièces
où l’on remarque ce progrès sont, en effet, postérieures à la décou-
verte de l’Inde par les Européens1. On sent très bien, d’ailleurs, que
les artistes qui ont voulu faire de la perspective dans leurs miniatures
se sont servis d’un procédé qui ne leur était point familier, dont les
règles leur étaient étrangères, et qu’ils ne l’employaient qu’à l’aveu-
glette, car on remarque, dans ces peintures, des erreurs considérables
dans l’application des règles de la perspective.

Il y a des cas où l’influence européenne n’est point discutable.
On trouve,dans des recueils de miniatures, des dessins exécutés
aux Indes, représentant des sujets religieux bien connus en Europe,
tels que la Vierge à la chaise, des Saintes Familles, la Vierge, saint
Joseph et le Christ en prière devant un crucifix ; on y trouve encore
des portraits de chevaliers de Malte luttant avec un dragon, ou de
dames et de jeunes filles portugaises. II convient d’ajouter que
ces reproductions sont faites avec un très grand soin, et témoignent
de l’attention et de l'habileté des Indous qui les ont exécutées.

Il y a aussi des miniatures représentant des scènes empruntées
à l’histoire religieuse musulmane. On en trouve représentant le
prophète Joseph, accompagné d’une garde d’honneur, ou Lange
Gabriel venant réveiller Mahomet dans la nuit de l’Ascension.

1. Le même fait s’est produit en Chine et au Japon.
 
Annotationen