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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 2
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Strong, Eugénie: L' Hermès d'Olympie
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0149

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132

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

voulu prêter à l'Hermès « une signification allégorique en rapport
avec les événements contemporains1 ». D’après les uns2, Hermès,
dieu de l’Arcadie, portant Dionysos, dieu de l’Elide, symboliserait la
réconciliation des Eléens et des Arcadiens, après les sanglants épisodes
de ràvoXup/Tuàç de 363 3, racontés par Xénophon4 et Diodore5.
D’après M. Furtwængler6, qui veut avec raison que la technique
savante de la statue nous force à la placer assez avant dans le ive
siècle, on devrait plutôt rapporter ETIermès à l’année 340, lorsque
le parti aristocratique éléen, aidé des Arcadiens, remporta une vic-
toire décisive sur le parti démocratique et conclut ensuite une
alliance avec Philippe de Macédoine7. Il serait certes bien tentant
de se représenter les Eléens, toujours prêts à rivaliser avec Athènes
en matière d’art8, invitant Céphisodote, depuis longtemps fameux
par son Eiréné, à créer pour eux aussi un groupe qui fut le symbole
de leur situation politique. L’artiste, tout en reproduisant étroitement
le schéma de son premier groupe, en variait gracieusement l'idée :
conformément à l’esprit du traité d’alliance qu’il était appelé à
commémorer, il représentait Hermès, le dieu du peuple qui accordait
protection aux Eléens, comme père nourricier de son jeune frère
Dionysos, le dieu du peuple protégé. Nous obtiendrions en plus, par
ces combinaisons, deux précieux points de repère pour l’étude
du développement artistique de Céphisodote, entre l’Eiréné de
l’année 371 et l’Hermès exécuté vers 340, dates qui expliqueraient
admirablement les progrès vers le réalisme accomplis par l’artiste
entre l’exécution des deux statues. Malheureusement, comme nous
le verrons plus tard, nous ne savons rien de définitif sur la destination
première de l'Hermès, et les événements auxquels il se rattache sont
encore plus incertains que ceux qui concernent l’Eiréné. J’ai seule-
ment tenu à démontrer que les conjectures qui font des deux statues
les symboles, l’une des bienfaits universels de la paix, l’autre des
circonstances spéciales d’une alliance particulière, ne sauraient que
confirmer l’identité du maître de l’Eiréné avec celui de l’Hermès

1. S. Reinach, Gazette archéologique, t. XII (1887), p. 282, note 9.

2. S. Reinach, loc. cit.

3. Paus., vi, 22, 2.

4. Hellenika, vu, 4, 19-33.

5. Diodore, xv, 78.

6. Meisterwerke, p. 530.

7. Diodore, xvi, 63.

8. Par exemple, lorsqu’ils invitèrent Phidias, fameux par son Athéna Par-
thenos, à exécuter le Zeus olympien.
 
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