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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 2
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Roserot, Alphonse: La statue équestre de Louis XV par Edme Bouchardon, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0179

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

critiques que plusieurs prétendus connaisseurs ont hasardées avant
de l’avoir vue 1 ».

C’est que la statue n’était pas encore découverte ; elle ne devait
l’être que le 20 juin 1763, et Grimm réservait lui-même son jugement
définitif j usqu’à cette époque.

Cette lettre est complétée par un article de Diderot sur la sculp-
ture et Bouchardon, mais Diderot n’a pas voulu se prononcer. Il s’étend
longuement en considérations sur la sculpture, trace à grands traits
la biographie de Bouchardon, mais ne veut rien dire de ses œuvres,
qu’il déclare ne pas connaître. Des appréciations lui échappent, ce-
pendant, sur la fontaine de la rue de Grenelle et la statue de VAmour,
mais il n’en dira pas plus long, parce que « le comte de Caylus, qui
les a toutes vues, n’en dit rien qui vaille. » Caylus ne lui semble pas
avoir dit ce qu’il fallait; bien plus, ce « sec et maigre discours »,
émané du « coryphée » des soi-disant amateurs, a le don de l'exas-
pérer.

Nous sommes bien obligés de revenir à l’inévitable Grimm, beau-
coup moins avare de ses appréciations. Ne nous en plaignons pas,
d’ailleurs ; s’il n’a pas l’autorité de Diderot comme écrivain d’art,
on ne peut lui méconnaître, en ces matières, un certain bon sens
habituel. Et puis, ce critique consciencieux est doublé d’un nouvel-
liste bien informé ; nous aurions mauvaise grâce à lui demander plus.

Voici d’abord une anecdote empruntée de sa Réponse à M. Dide-
rot (mars 1763) :

« Je trouvai l’autre jour Vernet dans une maison. On parlait
de la statue de Louis XV. Il se plaignait de ce qu’on voulait la
juger avant de l’avoir vue, et, en effet, on ne pourra en parler avec
quelque justesse que lorsqu’elle sera découverte. « Tout le monde,
dit Vernet, veut qu’elle soit trop petite ; quand à moi, si j’avais un
reproche à lui faire, ce serait d’être trop grande. La proportion
colossale, continua l’artiste, me déplaît, et je voudrais que le
statuaire ne fît jamais plus grand que nature— » Sur ce qu’on lui
objecta que le statuaire, se bornant à la grandeur naturelle, ne
pourrait jamais offrir aux yeux une masse suffisante pour les arrê-
ter, surtout lorsque son monument n'a d’autre, fond que 1 horizon
même, Vernet dit que l'artiste n’avait qu’à multiplier le nombre
de ses figures et faire de grandes compositions2. »

Grimm ne partageait pas cette manière de voir, et nous sommes

1. Correspondance littéraire, édit, de 1813, lre partie, III, p. 228 et 321.

2. Correspondance littéraire, édit, de 1813, 1re partie, III, p. 341-342.
 
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