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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 18.1897

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Nr. 4
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Marquet de Vasselot, Jean Joseph: Le trésor de l'Abbaye de Roncevaux, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.28027#0351

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

conservant sa grâce et sa beauté... ». Puis il ajoute : « Le visage de
la Vierge, sur lequel est exprimé, en même temps que la gravité, un
certain air de grâce, d’humilité et de respect, semble être, par sa
beauté, une chose du ciel...». Les écrivains du xviue siècle n’ont
généralement pas tant d’enthousiasme pour les sculptures gothiques ;
si Villafahe admire celle-ci, c’est sans doute parce qu’il la croit mira-
culeuse, et non parce qu’il en comprend la beauté.

Un petit détail, signalé en passant par le bon religieux, nous
intéresse davantage : de son temps, le visage de la Vierge n’était
pas peint « au naturel », comme aujourd'hui : « La couleur du visage
de la sainte image est brune, claire, très joyeuse et très agréable. »
Comme il est presque certain que les nus de la statue avaient primi-
tivement été peints, suivant la coutume du moyen âge, nous devons
supposer qu’au moment où écrivait Villafahe, cette peinture avait dis-
paru. Cela prouve aussi que la peinture que nous voyons actuellement
sur les visages et les mains de la Vierge et de l’Enfant, — elle paraît
d’ailleurs assez fraîche, — ne remonte pas à une époque ancienne.

Un autre passage de cette description1 nous prouve encore qu’en
1740, la branche de fleurs que portait autrefois la Vierge avait déjà
été brisée. •— Le livre de Villafahe, bien qu’il n’ait aucune valeur
scientifique, nous donne donc, on le voit, quelques renseignements
curieux au sujet de notre statue.

Parmi toutes les Vierges que nous avons comparées à celle
de Roncevaux, aucune ne lui ressemble autant, nous l’avons déjà
vu, qu’une petite Vierge en bois recouvert d’argent, du xive siècle2,
qui fait également partie du trésor de l’abbaye. Cette charmante
pièce est, elle aussi, une œuvre française. La Vierge, assise sur un
trône carré sans dossier, surmonté d’un coussin, porte l'Enfant sur
le bras gauche ; de la main droite elle tient une branche de lis3. Le
trône est orné de quatre petits sujets, en argent estampé et doré :
l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, et les Rois mages4.

L’objet que nous allons étudier maintenant est, avec la grande
Vierge, le plus important de ceux que possède encore l'abbaye. C’est

1. Malheureusement il n’y est pas fait mention de l’inscription dédicatoire.

2. Elle mesure 0m335 de hauteur, avec son affreuse couronne moderne.

3. La main et les fleurs ont été refaites.

4. Cette Vierge a été reproduite dans nos Notes sur l’Abbaye de Roncevaux. Cf.
Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France, t. LV.
 
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