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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
A plusieurs reprises, il cherche à l’excuser. « Que l’architecte soit
bizarre autant qu’il le juge à propos, mais qu’il ne rende pas l'ar-
chitecture difforme et que chaque membre conserve son propre
caractère. Je veux qu'un artiste ait la liberté d’habiller une statue
ou une figure à sa fantaisie, qu’il fasse prendre aux draperies telle
tournure qu’il juge à propos, mais que ce soit toujours de manière à
ne pas la faire confondre avec un pilier ou tout autre chose sem-
blable. » Et, avant d’achever son Discours, il revient encore sur ce
sujet auquel il consacre ses dernières lignes : « Peut-être quelqu’un
CHEMINÉE COMPOSÉE P AK PIRANESI ( 17 69)
traitera-t-il mes ouvrages d’extravagants, mais qu'il me fasse la grâce
do me dire contre quelles règles de bon dessin, de proportions,
de caractère et de forme ils pèchent. S’il n’est pas en état d’y trouver
des défauts, je me mettrai peu en peine que l’on critique mes
ouvrages parce qu’ils s’écartent de la monotonie trop uniforme du
vieux style. J’espère que le public rendra justice à mon travail, el
s'il n’applaudit pas à ces dessins et à ceux que je lui présenterai,
du moins louera-t-il mon zèle pour les Beaux-Arts et en particu-
lier pour l’architecture. »
Enfin, pour que l’invention soit plus complète, il ajoute à ses
dessins romains des dessins de style égyptien, qui forment un
système d’ornement qui fleurira en France, dans les dernières années
du Directoire, après l’expédition d’Égypte. On y retrouve là les
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
A plusieurs reprises, il cherche à l’excuser. « Que l’architecte soit
bizarre autant qu’il le juge à propos, mais qu’il ne rende pas l'ar-
chitecture difforme et que chaque membre conserve son propre
caractère. Je veux qu'un artiste ait la liberté d’habiller une statue
ou une figure à sa fantaisie, qu’il fasse prendre aux draperies telle
tournure qu’il juge à propos, mais que ce soit toujours de manière à
ne pas la faire confondre avec un pilier ou tout autre chose sem-
blable. » Et, avant d’achever son Discours, il revient encore sur ce
sujet auquel il consacre ses dernières lignes : « Peut-être quelqu’un
CHEMINÉE COMPOSÉE P AK PIRANESI ( 17 69)
traitera-t-il mes ouvrages d’extravagants, mais qu'il me fasse la grâce
do me dire contre quelles règles de bon dessin, de proportions,
de caractère et de forme ils pèchent. S’il n’est pas en état d’y trouver
des défauts, je me mettrai peu en peine que l’on critique mes
ouvrages parce qu’ils s’écartent de la monotonie trop uniforme du
vieux style. J’espère que le public rendra justice à mon travail, el
s'il n’applaudit pas à ces dessins et à ceux que je lui présenterai,
du moins louera-t-il mon zèle pour les Beaux-Arts et en particu-
lier pour l’architecture. »
Enfin, pour que l’invention soit plus complète, il ajoute à ses
dessins romains des dessins de style égyptien, qui forment un
système d’ornement qui fleurira en France, dans les dernières années
du Directoire, après l’expédition d’Égypte. On y retrouve là les