LE MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE DE LILLE
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trop peu connu, précieux cependant pour l’histoire de la sculpture
française et franco-flamande b
Plusieurs pièces d’orfèvrerie méritent d’ètre signalées; en pre-
mier lieu, l’encensoir connu sous le nom d'Encensoir de Lille-, trouvé
par miracle chez un brocanteur et sauvé de la fonte ; il fut long-
temps en la possession de M. Benvignat, ancien conservateur du
musée. Ce charmant objet, du début du xm° siècle, est en cuivre
fondu, autrefois doré ; de forme sphérique, il présente une riche
ornementation ajourée, composée d’enroulements et d’animaux mon-
strueux; il est surmonté d’un groupe des trois enfants dans la four-
naise et d'un ange offrant au ciel les prières et l’encens. A l’équateur
de la sphère court sur deux lignes l’inscription suivante, rappelant
la pieuse donation :
Hoc ego Reinerus do signum quod mihi vestris
Exequias si miles debetis morte potito,
Et reor esse preces vestras timiamata Christo3.
C’est une pièce capitale et l’un des plus beaux encensoirs
connus.
De la collection formée par M. Ozenfant, ancien conservateur
des musées, et dont une partie fut donnée par ses héritiers en 189L,
provient une jolie châsse de petites dimensions; elle est en forme
d'arcci et présente sur la face principale le Christ debout entre deux
saints, et au bas de l’autre face cette inscription : « In his signis imi-
teris. » C’est un bon spécimen de l’émaillcric de Limoges du xiUsiècle.
1. Celte partie du musée s'augmente encore de la collection de M. et de
Mme de Vicq, léguée en 1881 et conservée intégralement dans une salle spéciale.
On doit regretter une disposition aussi fâcheuse, créant ainsi un petit musée im-
muable dans le musée, sans profit d’ailleurs ni pour l’un ni pour l'autre. Quant
à la collection de Vicq en elle-même, c’est une jolie réunion d’objels d’art, allant
du moyen âge aux temps modernes, généralement de petites dimensions et d’un
goût délicat. Il y aurait lieu cependant d’en éliminer un certain nombre de pièces
insignifiantes, ou d’autres d’une authenticité par trop suspecte ; le prestige de
cette collection ne pourrait qu’y gagner. (Le vœu de notre collaborateur a été
exaucé : elle a été fondue tout dernièrement dans l’ensemble du musée. —N. d. l. r.)
2. Déjà signalé et reproduit dans la Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XI,
p. 147. — Voir aussi Ms1 2' Dehaisnes, Le Nord monumental et artistique. Lille, 1897,
p. 150 et pl. lxxv.
3. Mër Dehaisnes (op. cit.) lit ainsi cette inscription : « Moi, Renier, je vous
donne cet encensoir. Il vous rappellera que vous me devez après ma mort des
obsèques semblables aux vôtres; vos prières seront, je le sais, un encens qui
montera jusqu’au Christ. »
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trop peu connu, précieux cependant pour l’histoire de la sculpture
française et franco-flamande b
Plusieurs pièces d’orfèvrerie méritent d’ètre signalées; en pre-
mier lieu, l’encensoir connu sous le nom d'Encensoir de Lille-, trouvé
par miracle chez un brocanteur et sauvé de la fonte ; il fut long-
temps en la possession de M. Benvignat, ancien conservateur du
musée. Ce charmant objet, du début du xm° siècle, est en cuivre
fondu, autrefois doré ; de forme sphérique, il présente une riche
ornementation ajourée, composée d’enroulements et d’animaux mon-
strueux; il est surmonté d’un groupe des trois enfants dans la four-
naise et d'un ange offrant au ciel les prières et l’encens. A l’équateur
de la sphère court sur deux lignes l’inscription suivante, rappelant
la pieuse donation :
Hoc ego Reinerus do signum quod mihi vestris
Exequias si miles debetis morte potito,
Et reor esse preces vestras timiamata Christo3.
C’est une pièce capitale et l’un des plus beaux encensoirs
connus.
De la collection formée par M. Ozenfant, ancien conservateur
des musées, et dont une partie fut donnée par ses héritiers en 189L,
provient une jolie châsse de petites dimensions; elle est en forme
d'arcci et présente sur la face principale le Christ debout entre deux
saints, et au bas de l’autre face cette inscription : « In his signis imi-
teris. » C’est un bon spécimen de l’émaillcric de Limoges du xiUsiècle.
1. Celte partie du musée s'augmente encore de la collection de M. et de
Mme de Vicq, léguée en 1881 et conservée intégralement dans une salle spéciale.
On doit regretter une disposition aussi fâcheuse, créant ainsi un petit musée im-
muable dans le musée, sans profit d’ailleurs ni pour l’un ni pour l'autre. Quant
à la collection de Vicq en elle-même, c’est une jolie réunion d’objels d’art, allant
du moyen âge aux temps modernes, généralement de petites dimensions et d’un
goût délicat. Il y aurait lieu cependant d’en éliminer un certain nombre de pièces
insignifiantes, ou d’autres d’une authenticité par trop suspecte ; le prestige de
cette collection ne pourrait qu’y gagner. (Le vœu de notre collaborateur a été
exaucé : elle a été fondue tout dernièrement dans l’ensemble du musée. —N. d. l. r.)
2. Déjà signalé et reproduit dans la Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XI,
p. 147. — Voir aussi Ms1 2' Dehaisnes, Le Nord monumental et artistique. Lille, 1897,
p. 150 et pl. lxxv.
3. Mër Dehaisnes (op. cit.) lit ainsi cette inscription : « Moi, Renier, je vous
donne cet encensoir. Il vous rappellera que vous me devez après ma mort des
obsèques semblables aux vôtres; vos prières seront, je le sais, un encens qui
montera jusqu’au Christ. »