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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
De diverses époques et provenances, le musée peut montrer une
importante collection de motifs de décorations sculptées ; la plupart,
ceux surtout du xve siècle, sont d’une finesse remarquable d’exécu-
tion, la pierre la plus fréquemment employée dans la région, dite
pierre de Lezen, étant excessivement tendre. Ce sont Jà de précieux
modèles d’art décoratif. A côté d’eux, quelques pièces plus impor-
tantes : une cheminée du xve siècle, provenant de l’ancien palais
Rihour, de belles frises ornées de feuillages, etc.
Enfin, d’un art populaire et local, très répandu à Lille du xvie
siècle au début du xixe siècle, diverses enseignes de pierre sculptée
et peinte : l’enseigne du Cheval blanc, de la cour des Bourloires (jeu
de boule), du Chef-d’œuvre de Paris (petits personnages traînant un
tonneau), etc.
Le musée possède bon nombre de ces bois sculptés flamands des
xive, xvc et xvie siècles qui constituent aujourd’hui l’un des domaines
les plus recherchés de la curiosité. 11 faut reconnaître, il est vrai,
comme l’a fait ici-même M. Molinier1, que ces pièces ne sont trop
souvent que des répétitions de modèles courants, et conséquemment
des œuvres de second ordre ; mais celles-là même ont leur intérêt
à Lille, dans un musée où la note d’art flamand est de beaucoup domi-
nante. De plus, comme le reconnaît aussi le savant conservateur du
Louvre, certaines pièces échappent à la banalité courante. Parmi
elles, nous placerons la belle Vierge en buis du xive siècle provenant
de l’abbaye de Loos, que nous reproduisons et qu’un nettoyage
récent a pu débarrasser d'un grossier badigeon qui la couvrait ;
celui-ci avait eu cependant l’avantage de conserver intacts les détails
charmants des tètes de la Vierge et de l’Enfant2.
De ces Vierges françaises du xiv° siècle, sculptées en buis et
relativement rares, le musée possède un second exemplaire, ne le
cédant guère au précédent, le visage de la Vierge offrant encore la
même expression délicate et souriante. Cette statuette fait partie de
la donation Ozenfant, qui a fait entrer au musée nombre de bois du
1. Cf. Gazette des Beaux-Arts, tome XVII, p. 96. A propos d’une pièce ana-
logue de la collection Bonnaffé, M. É. Molinier a fait remarquer récemment, ici
même, le petit nombre de ces Vierges en buis du xive siècle, beaucoup plus
rares que les Vierges d’ivoire de la même époque. (V. Gazette des Beaux-Arts,
3° période, t. XVII, p. 339.)
2. Cette pièce doit figurer dans la troisième livraison de l’Album archéologique
des Musées de province, avec un article de M. É. Molinier, mais la planche, gravée,
croyons-nous, d’après une photographie déjà ancienne, donnera encore la sta-
tuette sous son badigeon,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
De diverses époques et provenances, le musée peut montrer une
importante collection de motifs de décorations sculptées ; la plupart,
ceux surtout du xve siècle, sont d’une finesse remarquable d’exécu-
tion, la pierre la plus fréquemment employée dans la région, dite
pierre de Lezen, étant excessivement tendre. Ce sont Jà de précieux
modèles d’art décoratif. A côté d’eux, quelques pièces plus impor-
tantes : une cheminée du xve siècle, provenant de l’ancien palais
Rihour, de belles frises ornées de feuillages, etc.
Enfin, d’un art populaire et local, très répandu à Lille du xvie
siècle au début du xixe siècle, diverses enseignes de pierre sculptée
et peinte : l’enseigne du Cheval blanc, de la cour des Bourloires (jeu
de boule), du Chef-d’œuvre de Paris (petits personnages traînant un
tonneau), etc.
Le musée possède bon nombre de ces bois sculptés flamands des
xive, xvc et xvie siècles qui constituent aujourd’hui l’un des domaines
les plus recherchés de la curiosité. 11 faut reconnaître, il est vrai,
comme l’a fait ici-même M. Molinier1, que ces pièces ne sont trop
souvent que des répétitions de modèles courants, et conséquemment
des œuvres de second ordre ; mais celles-là même ont leur intérêt
à Lille, dans un musée où la note d’art flamand est de beaucoup domi-
nante. De plus, comme le reconnaît aussi le savant conservateur du
Louvre, certaines pièces échappent à la banalité courante. Parmi
elles, nous placerons la belle Vierge en buis du xive siècle provenant
de l’abbaye de Loos, que nous reproduisons et qu’un nettoyage
récent a pu débarrasser d'un grossier badigeon qui la couvrait ;
celui-ci avait eu cependant l’avantage de conserver intacts les détails
charmants des tètes de la Vierge et de l’Enfant2.
De ces Vierges françaises du xiv° siècle, sculptées en buis et
relativement rares, le musée possède un second exemplaire, ne le
cédant guère au précédent, le visage de la Vierge offrant encore la
même expression délicate et souriante. Cette statuette fait partie de
la donation Ozenfant, qui a fait entrer au musée nombre de bois du
1. Cf. Gazette des Beaux-Arts, tome XVII, p. 96. A propos d’une pièce ana-
logue de la collection Bonnaffé, M. É. Molinier a fait remarquer récemment, ici
même, le petit nombre de ces Vierges en buis du xive siècle, beaucoup plus
rares que les Vierges d’ivoire de la même époque. (V. Gazette des Beaux-Arts,
3° période, t. XVII, p. 339.)
2. Cette pièce doit figurer dans la troisième livraison de l’Album archéologique
des Musées de province, avec un article de M. É. Molinier, mais la planche, gravée,
croyons-nous, d’après une photographie déjà ancienne, donnera encore la sta-
tuette sous son badigeon,