BIBLIOGRAPHIE
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de Louis XII, de Léon X et de François Ier, mais dominant sans trêve de son profil
souverain les contingences... Retenons seulement quelques belles leçons extraites
d’une belle vie et qui dépassent l’intérêt trop laconique du Traité de la Peinture.
Cet artiste, qui forme au jour le jour un Traité méticuleux sur son art et qui
fonde une Académie, représente non-seulement la tradition, mais plus encore la
liberté, la personnalité suprême du créateur qui s’affranchit d’abord des conven-
tions scolastiques d’un milieu savant, mais étroit, des incertitudes fatales d’une
époque où l’art n’avait pas atteint la perfection. Cette perfection, c’est lui qui
ÉTUDE DE LÉONARD DE VINCI POUR L’ANGE DE LA « VIERGE AUX ROCHERS ))
(Bibliothèque du Roi, Turin.)
l’entrevoit, qui la réalise, avant Raphaël, avant Michel-Ange, avant tous, devan-
çant l’heure par sa volonté, par son instinct, isolé à Florence, puis à Milan, parmi
des maîtres encore archaïques que le maniérisme menace déjà, contemporain de
Botticelli, de Ghirlandaio, condisciple de Lorenzo di Credi et du Pérugin, trouvant
en lui-même, devant la nature, le secret d’un art à la fois candide et subtil, qui
a le parfum de la jeunesse sans retenir la gaucherie de l’enfance. Le programme
de Léonard est admirable à jamais : se faire l’élève de la nature au lieu d’être
le lils ou le petit-fils de quelqu’un, donc l’écho d’un écho ; mépriser ce qui
passe et n’ambitionner que ce qui demeure. De là, cet équilibre dans l’innovation,
cet accord précoce de l’indépendance « avec les lois de la Renaissance italienne
et la géométrie de la beauté universelle ». Le moindre de ses caprices évoque le
poète qui achetait des oiseaux pour les rendre à la liberté.
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de Louis XII, de Léon X et de François Ier, mais dominant sans trêve de son profil
souverain les contingences... Retenons seulement quelques belles leçons extraites
d’une belle vie et qui dépassent l’intérêt trop laconique du Traité de la Peinture.
Cet artiste, qui forme au jour le jour un Traité méticuleux sur son art et qui
fonde une Académie, représente non-seulement la tradition, mais plus encore la
liberté, la personnalité suprême du créateur qui s’affranchit d’abord des conven-
tions scolastiques d’un milieu savant, mais étroit, des incertitudes fatales d’une
époque où l’art n’avait pas atteint la perfection. Cette perfection, c’est lui qui
ÉTUDE DE LÉONARD DE VINCI POUR L’ANGE DE LA « VIERGE AUX ROCHERS ))
(Bibliothèque du Roi, Turin.)
l’entrevoit, qui la réalise, avant Raphaël, avant Michel-Ange, avant tous, devan-
çant l’heure par sa volonté, par son instinct, isolé à Florence, puis à Milan, parmi
des maîtres encore archaïques que le maniérisme menace déjà, contemporain de
Botticelli, de Ghirlandaio, condisciple de Lorenzo di Credi et du Pérugin, trouvant
en lui-même, devant la nature, le secret d’un art à la fois candide et subtil, qui
a le parfum de la jeunesse sans retenir la gaucherie de l’enfance. Le programme
de Léonard est admirable à jamais : se faire l’élève de la nature au lieu d’être
le lils ou le petit-fils de quelqu’un, donc l’écho d’un écho ; mépriser ce qui
passe et n’ambitionner que ce qui demeure. De là, cet équilibre dans l’innovation,
cet accord précoce de l’indépendance « avec les lois de la Renaissance italienne
et la géométrie de la beauté universelle ». Le moindre de ses caprices évoque le
poète qui achetait des oiseaux pour les rendre à la liberté.