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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 4
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Marguillier, Auguste: Charles Dulac
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0344

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

se décider pour un art de plus en plus élevé, et toute sa carrière ne
sera qu’une montée incessante vers un idéal toujours plus haut.

L’évolution est curieuse à suivre. Les premiers essais personnels
de Dulac sont des natures mortes où tout de suite le bon peintre
s’affirme par la beauté de la matière, par la largeur et la sûreté
de la touche (par exemple les Poissons de mer (1890) qui, dès le
premier Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts, lui valaient
le titre de membre associé), jointes d’ordinaire à une coloration
discrète, d’une distinction qui fait songer à Chardin : tel un petit
tableau, daté de 1886, représentant des ustensiles de cuisine sur une
table, que son exécution solide et fine signale entre toutes les œuvres
de cetle première série, poursuivie jusqu’en 1891.

Ce sont, en même temps, des portraits. Au Salon de 1889 figure
un portrait de jeune fille,, dans une tonalité claire, suivi, en 1892,
du Portrait de ma mère, plus assourdi, effigies où la délicatesse du
sentiment s’ajoute aux qualités de facture que nous venons de louer.

Mais, déjà, le paysage a conquis Dulac. Aux Salons du Champ-
de-Mars de 1892, 1893 et 1894, à celui des Indépendants de 1893,
on pouvait remarquer des vues de Paris et des environs, où l’artiste
se montrait particulièrement séduit et touché par les harmonies
voilées des effets de neige (dont il peignit toute une suite), des
matins brumeux ou des crépuscules : Neige à Montmartre, Printemps
à Montmartre, Saint-Etienne-du-Mont, Ruines de Saint-Cloud, etc.
Cette note discrète, émue, dans des tonalités grisâtres doucement
chantantes, va rester sa caractéristique. On la retrouve, unie à un
sentiment décoratif qui s’accentue très vite et grandit sans cesse,
dans les nombreuses études, à l’huile, au pastel, au crayon, qu'il va
rapporter de voyages réitérés en Bretagne, en Normandie, en Bour-
gogne, en Alsace, dans le nord de la France, études où il note prin-
cipalement les sites que la largeur des horizons et la majesté des
lignes, parfois aussi leur aspect d’intimité et de mélancolie, imposent
à son attention, et qui bientôt serviront de base à des compositions
lithographiées où son talent finira par trouver sa pleine expression.

A côté de ces aspects de nature, il faut tirer hors de pair plusieurs
intérieurs d’églises d’une pénétrante poésie. Entre tous, les tableaux
rapportés de Vézelay, admirés pour la plupart aux Salons, de 1892
à 189i, forment une suite particulièrement expressive et belle, sont
comme les chants d’un poème où palpite toute l'âme de l’antique
abbatiale : c’est Le Portail, dans la simple et majestueuse éloquence
de ses lignes et de ses sculptures ; La Nef, vaste et forte, emplie de
 
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