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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 4
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Marguillier, Auguste: Charles Dulac
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0346

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328

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dans une Communion de sainte Madeleine, tout imprégnée de la-
candeur fervente des Primitifs, dont il décora une chapelle au
couvent de la Carceria, à Subiaco, et dans chacun de ses tableaux de
nature, de plus en plus délicats comme sentiment et comme coloris,
où la composition atteint à une expression pour ainsi dire sym-
bolique. Ne pouvant les citer tous, nous mentionnerons du moins
de lins paysages des environs de Ravenne d’une lumière exquise,
une vue de la place Sainte-Claire à Assise, une autre de Villeneuve-
lès-Avignon groupant ses maisons blanches au pied des ruines gri-
sâtres de son vieux château, et surtout — vision de grandeur et
de force après ces visions de grâce et de mélancolie — La Fontaine
de Vaucluse (1898), une des plus importantes toiles de Dulac, qui,
dans sa compréhension superbement décorative, avec l'énorme
rocher barrant à droite la vallée où bruissent et serpentent les
fraîches eaux de la Sorgues, traduit éloquemment le double carac-
tère contrasté de la Vallis clusa chantée par Pétrarque.

Mais, plus encore que le paysagiste peintre, c’est le paysagiste
lithographe qu’il faut louer en Dulac : sous cette nouvelle forme,
qui servira merveilleusement sa vision particulière, il va devenir
un véritable créateur, exprimer son amour de la nature avec une
élévation et une intensité qu’il avait jusque-là rarement atteintes.

Dès 1892, il s’était essayé dans cet art de la lithographie, dont
la faveur commençait alors à renaître, et tout de suite il y avait
donné sa mesure, en une série de six ou sept portraits d’une petite
fille, d’une religieuse, d’une jeune fille, etc.1, images d’une pénétrante
intimité et d’une science accomplie sous leur forme enveloppée, où
se reconnaît le disciple d'Eugène Carrière. Aussitôt qu’il a compris
quels effets à la fois subtils et larges se peuvent tirer de cette forme
d’art si souple, il en fait l’application au paysage, et, de degrés en
degrés, joignant l’idéalisation de la tonalité à la simplification déco-
rative de la ligne et de la facture, il arrive à faire de ces visions de
nature les interprètes de sentiments si immatériels et si élevés que
M. J.-K. Huysmans, mentionnant dans La Cathédrale 2 cette suite
de lithographies, considère Dulac comme le seul peintre vraiment
religieux de la génération actuelle.

1. Un d’entre eux (portrait d’une dame assise) a paru dans le Traité de litho-
graphie artistique de F. Duchatel. Paris, bureaux de VArtiste, s. d. (1893).

2. Paris, Stock, 1898, p. 381-383.
 
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