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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 6
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Desjardins, Paul: Les salons de 1899, 2, Peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0480

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458

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

décorateur; sitôt entrés dans la salle où il expose, tous nos regards
convergent vers ses toiles, et s’y fixent.

Revenons maintenant à une antiquité plus voisine, morte d’hier,,
à ce noble Versailles, dont le palais semble un Temple à l’Automne.
C’est un signe du temps, que beaucoup de nos peintres s’en épren-
nent. M. Zuber a représenté une longue perspective de parc aux
feuillages rouillés, fuyant vers l’horizon dans une lumière d’octobre,
sous des nuages d’ouate effilochée; les vases de marbre sur les
socles, les balustres, les Trois marches de marbre rose, célébrées par
Musset, avertissent que l’on est à Versailles; autre toile du même
artiste : Le Bosquet clu B oint-du-Jour, — mais vu à la chute du jour,
la gaîté du premier nom s’étant, depuis deux siècles, voilée de
mélancolie; — ombre portée des charmilles et des ifs ; statues pâles ;
à gauche, la lumière du soleil qui meurt incendiant le zénith, un
rayon furtif tombant sur le bassin... Pourquoi M. Zuber a-t-il semé ces
grands promenoirs de quelques personnages anecdotiques en costume
Louis XIV? La vacuité est ce qui sied à Versailles : c’est maintenant
et par leur air d’autrefois que les lieux d’histoire intéressent.

M. Sainte-Fare Garnot, que je ne connaissais pas, me paraît
l’avoir senti distinctement. La belle solitude crépusculaire, parmi
les parterres déserts, les boulingrins et les vasques désolées, le ciel
vert pâle, l’opacité des ombres mirées dans les eaux tranquilles!
Au premier plan, des roses blanches, c’est tout; et, avec cela, qu’ai-jc
besoin des seigneurs en perruque, me remettant sous les yeux cette
époque de Louis XIV, qui n’est belle que dans le recul du temps?

M. Lobre est le peintre attitré de la grande résidence délaissée.
Comme il la connaît et comme il l’aime ! Non seulement les parcs,
mais la qualité rare des miroirs dont le tain légèrement piqué de
moisissure donne de l’éloignement aux visages qui s’y reflètent ! Ces
appartements, où toute vivacité s’apaise, sont ceux de la Belle au
Bois dormant.

M. Gaston La Touche, assez virtuose, les remplit, ces grands
appartements, d’une lumière poudroyante qui en évapore la tristesse.
Puis, dans le bassin de Neptune, il fait s’ébattre des cygnes et des
femmes nues, éclaboussés de rayons. Avec lui, le soleil triomphe
encore à Versailles.

PAUL DESJARDINS

(La suite 'prochainement.)
 
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