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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 6
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Berenson, Bernard: Amico di Sandro, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0492

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470

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tous les autres chefs-d’œuvre qui ornaient jadis ce palais. Les
originaux., œuvre de notre anonyme, ont été dispersés aux quatre
vents. Le plus beau de ces panneaux, représentant la première
audience d’Esther par Assuérus, est maintenant au musée Condé, à
Chantilly ; celui de la seconde audience appartient à M. Léopold
Goldschmidt, de Paris. Les deux autres, où nous voyons, d’une part,
le triomphe de Mardochée conduit par Aman, et, de l'autre., Esther
se promenant dans les jardins, ont trouvé un asile dans la collec-
tion Liechtenstein, à Vienne. Comme je l’ai déjà dit, la peinture de
tous ces panneaux n’est guère qu’une ébauche. C’est fait à la diable,
si vous voulez, mais jamais histoire ne fut dite avec un plus grand
charme et des grâces pins exquises. Notre anonyme improvisait,
sans doute, mais avec l’aide de Calliope et d’Aglaé.

Tous ces panneaux sont attribués à Filippino, et Cavalcaselle
les considère comme des œuvres des premiers temps de cet artiste.
Il est très vrai que, s’ils étaient de Filippino, il faudrait les regarder
comme des productions de sa première jeunesse; mais ils ne sont
pas de lui, car jamais Filippino, dans ses ouvrages incontestés, n’a
laissé paraître ce magique talent pour raconter une histoire. Jamais
il ne posséda cette insouciance et cette liberté de touche, jamais il
ne fut aussi brillant et aussi fougueux. Au contraire, il est toujours
plus laborieux, plus appliqué, et c’est à de plus sérieux, sinon à de
plus heureux résultats, qu’il est parvenu en se donnant beaucoup
de mal. Même dans les formes, dans les maniérismes, dans les
types, là où le peintre doit se révéler tout entier, il n’y a que deux
caractères pouvant rappeler Filippino, du moins aux yeux du
critique qui a appris à distinguer clairement un peintre d’un autre.
Ces deux détails sont les rubans qui flottent au baldaquin des trônes,
dans les deux longs panneaux, et, dans celui qui appartient à
M. Goldschmidt, la tête de l’homme qui entre par l’arcade de gauche.
Quant aux points de contact avec notre anonyme, ils sont trop
nombreux pour être énumérés ici. Notons, cependant, quelques-uns
des plus décisifs.

J’ai déjà parlé de la richesse du ton doré, de l’exécution légère
des plis des draperies dans ces panneaux, comme témoignant d’un
progrès réel depuis Y Adoration et les Histoires de Virginie et de
Lucrèce: mais l’identité de la facture est indiscutable. Nous avons
rencontré les mêmes types dans toutes ces œuvres et nous avons en
outre remarqué, dans les panneaux d’Esther, un retour à certaines
figures que nous savons avoir déjà servi à notre auteur, ou qui peu-
 
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