Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Babeau, Albert: Le musée de Troyes: musées de province
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0536

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LE MUSÉE DE TROYES

511

C’est la même diffusion du sentiment de l’art que poursuit
l’administration du musée de Troyes. Elle sait que s’il ne peut riva-
liser avec ceux des capitales, il peut du moins grouper, à côté de
spécimens des différentes écoles, les productions des artistes origi-
naires de la région, et que de cet ensemble ressort une impression ins-
tructive et féconde. Sans doute il se rencontre dans ses collections
quelques œuvres inférieures ; mais le temps se chargera de les
éliminer, et tout porte à croire que, favorisés comme par le passé
par les libéralités officielles et privées, les accroissements du musée
se continueront d’une manière normale par l’accord de plus en plus
complet de la quantité avec la qualité.

On ne saurait parler du musée de Troyes sans mentionner la
Bibliothèque municipale, qui lui est adjacente, et qui figure en pre-
mière ligne parmi les bibliothèques de province par le nombre et la
valeur des manuscrits et des imprimés. Dans l’ancien bâtiment de
l’abbaye de Saint-Loup, presque de plain-pied avec les salles de
peinture, s'étend une salle immense, dont les parois sont entièrement
garnies de livres et qui présente, dans ses vitrines, des manuscrits du
moyen âge, précieux par leur antiquité, leurs enluminures ou les
souvenirs qui s’y rattachent, des spécimens vie l'ancienne impression
troyenne et des reliures artistiques, dont l’une, revêtue d’ornements
d’orfèvrerie, remonte au temps des comtes de Champagne. Au-dessus
de ces vitrines s’offre aux regards charmés toute une série de petits
vitraux d’appartement, provenant de l’ancien hôtel de l’Arquebuse,
œuvre exquise de peintres verriers troyens, Linard Gontier et ses
élèves, qui ont reproduit, au commencement du xvnc siècle, des
armoiries, des portraits de rois, des épisodes de l’histoire de France
et de l’histoire locale, tels que l’entrée de Henri IV à Troyes. Ces
sujets, qui présentent certaines analogies de facture avec les petits
vitraux d’Allemagne et de Suisse de la même époque, sont entourés,
pour la plupart, d’un encadrement orné d’attributs guerriers ; le plus
grand nombre excelle par l’aisance, la verve, la finesse du dessin, non
moins que par la transparence, la justesse et l’harmonie du coloris.
Il semble que la peinture sur verre, qui s’est épanouie depuis le
moyen âge, avec tant d’éciat, sur les fenêtres des églises de la région,
ait jeté sur ces panneaux restreints, avant de s’éclipser pour long-
temps, ses dernières et peut-être ses plus attrayantes clartés.

ALBERT BABEAD
 
Annotationen