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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 1
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Mély, Fernand de: Le retable de Beaune, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0046

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LE RETABLE DE BEAUNE

Cet exposé de la question a peut-être été un peu long : il était
indispensable. Il montre, en effet, combien sont flottantes les opi-
nions premières, puisqu'elles placent l'exécution du retable entre
1418 et 1468, puisque les maîtres vont des van Eyck à van der
Goes. Il dévoile l’incertitude qui règne sur les portraits qu’on trouve
dans le Jugement dernier, il précise enfin les bases fragiles et péris-
sables sur lesquelles repose une attribution qu’on veut prétendre
définitive. Cependant, si nous allions au scrutin, la majorité voterait
pour Roger van der Weyden et pour la date de 1443.. Examinons
comment ces deux points finirent par être acquis à l’histoire.

Dans le principe, le retable est attribué, sans hésitation, à Jean
van Eyck. Mais voilà que tout à coup, alors qu’on s’était mis à peu
près d’accord pour la date de 1443, on. s’aperçoit que Jean van Eyck
est mort le 9 juillet 1440. Nous sommes en 1862; Laborde, il est
vrai, n’avait publié le document qu’en 1849k II fallait immédiate-
ment trouver un autre nom. MM. Crowe et Cavalcaselle proposent
celui de Roger van der Weyden; M. Clément de Ris, conservateur
du musée du Rouvre, se range sous leur bannière. Devant ces maîtres,
on s’incline. On me permettra de revenir sur leur description : elle
montrera la valeur de leur appréciation ; je ne l’ai publiée plus
haut que pour montrer comment s’écrit parfois l’histoire de l’art.

Donc M. Crowe est devant le tableau; il nous montre, au-dessus
du panneau central, les archanges qui pèsent dans des balances les
âmes des trépassés; la gloire qui environne le Christ; les divers tour-
ments des damnés; les élus montant vers le ciel; le ciel peuplé
d'anges ; deux groupes s'avançant vers le Seigneur; des rois et des
reines guidés par saint Jean.

M. Clément de Ris ne veut pas demeurer en arrière. Lui nous
explique, à la droite du Christ, le groupe des trois femmes agenouil-
lées, dont une religieuse, vêtue d’une robe noire bleuâtre, coiffée
d’une capeline blanche; le guerrier couvert d'une armure éclatante ;
la foule des petits angelots cravatés d'ailes, qui parsèment le ciel;
saint Jean agenouillé; des démons griffus et cornus; il nous parle
enfin des inscriptions qu’il déclare « sans doute de simples
ornements. » 1

1. Cte Je Laborde, Les Ducs cle Bourgogne, Preuves, t. t (1849), p. cm.
 
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