DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Bénédite, Léonce: J.-J. Henner, [1]: artistes contemporains
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0050
J.-J. HENNER
41
La belle unité de sa physionomie morale et de son œuvre pro-
vient de l’intensité de sa vie intérieure. Henner demeura constam-
ment fidèle aux mêmes cultes. U portait, en son temple intime, un
certain nombre d’autels qui ne furent à aucun jour désertés :
l’autel de la Patrie et celui de la Famille, l’autel de la Vérité et celui
de la Beauté. Il fut tout entier lui-même au cours de son existence.
Prenez, par exemple, le charmant petit portrait exécuté, en 1861, à
Rome, par P. de Co-
ninck et comparez-le au
buste de Paul Dubois
ou au portrait de Caro-
lus-Duran. Le joyeux
garçon d’Alsace à la
lèvre gourmande. au
nez sensuel, aux pom-
mettes rieuses, aux
grands yeux bleus très
clairs, candides et ma-
licieux, ne se retrou-
vc-t-il pas exactement,
dans l’homme mûr et
dans le vieillard, avec
le même regard ma-
licieux et candide, le
nez gras, les pommettes
rondes, la moue à la
fois timide et moqueuse,
Pair étonné et gai d’un
homme qui s’éveille au
soleil?Ilenestde même
du moral. Le secret de sa jeunesse inaltérable, c’est qu’il ne s’est
jamais vu lui-même exclusivement dans l’heure présente, mais qu’il
se voyait à travers toute sa vie et surtout dans son premier passé. Il
se plaisait à revenir fréquemment sur ses années de jeunesse, sur son
enfance à Bernwiller et à Altkirch, sur son vieux et excellent maître,
sur les braves anciennes gens du village, tel ce vieux menuisier, dont
le portrait fut le premier début en peinture de l’artiste et qu’il ne
prêta pas sans quelque émotion au Luxembourg, lors de l’Exposi-
tion de maîtres, organisée en 1903. A la dernière heure encore, dans
son agonie, il parlait à sa mère. II avait gardé pieusement dans sa
PORTRAIT DE J.-J. IIENNER EXÉCUTÉ EN 1861
A ROME, PAR P. DE CONINCK
(Collection de M. J. Henner.)
XXXV. — 3° PÉRIODE.
G
41
La belle unité de sa physionomie morale et de son œuvre pro-
vient de l’intensité de sa vie intérieure. Henner demeura constam-
ment fidèle aux mêmes cultes. U portait, en son temple intime, un
certain nombre d’autels qui ne furent à aucun jour désertés :
l’autel de la Patrie et celui de la Famille, l’autel de la Vérité et celui
de la Beauté. Il fut tout entier lui-même au cours de son existence.
Prenez, par exemple, le charmant petit portrait exécuté, en 1861, à
Rome, par P. de Co-
ninck et comparez-le au
buste de Paul Dubois
ou au portrait de Caro-
lus-Duran. Le joyeux
garçon d’Alsace à la
lèvre gourmande. au
nez sensuel, aux pom-
mettes rieuses, aux
grands yeux bleus très
clairs, candides et ma-
licieux, ne se retrou-
vc-t-il pas exactement,
dans l’homme mûr et
dans le vieillard, avec
le même regard ma-
licieux et candide, le
nez gras, les pommettes
rondes, la moue à la
fois timide et moqueuse,
Pair étonné et gai d’un
homme qui s’éveille au
soleil?Ilenestde même
du moral. Le secret de sa jeunesse inaltérable, c’est qu’il ne s’est
jamais vu lui-même exclusivement dans l’heure présente, mais qu’il
se voyait à travers toute sa vie et surtout dans son premier passé. Il
se plaisait à revenir fréquemment sur ses années de jeunesse, sur son
enfance à Bernwiller et à Altkirch, sur son vieux et excellent maître,
sur les braves anciennes gens du village, tel ce vieux menuisier, dont
le portrait fut le premier début en peinture de l’artiste et qu’il ne
prêta pas sans quelque émotion au Luxembourg, lors de l’Exposi-
tion de maîtres, organisée en 1903. A la dernière heure encore, dans
son agonie, il parlait à sa mère. II avait gardé pieusement dans sa
PORTRAIT DE J.-J. IIENNER EXÉCUTÉ EN 1861
A ROME, PAR P. DE CONINCK
(Collection de M. J. Henner.)
XXXV. — 3° PÉRIODE.
G