Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

JEAN GOUJON ET LA SALLE DES CARIATIDES

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nicre peu heureuse dont la voûte de la Salle des Cariatides est
disposée » donnait à croire qu’elle avait été faite postérieurement. Il
avait noté qu’un compte de 1557-1558 mentionnait des poutres
formant plafond dans la « Salle de Bal », qui était pour lui la salle
des Cariatides (avec raison, semble-t-il). Enfin, il citait un passage
du Journal de l’Estoille, racon tant que Louchart et d’autres ligueurs
furent, en 1591, pendus à une poutre du plafond de la « Salle Basse »
du Louvre. Et, sur un plan inséré à la page 228 de son ouvrage, il
avait eu soin d’inscrire pour la salle des Cariatides les mots : « voûtes
plus modernes ».

Tout cela parait décisif.

Seulement, Palustre et d’autres avec lui ont fait erreur en attri-

l’LAN DE LA SALLE DES CARIATIDES AU LOUVRE, D’APRÈS BLONDEL

huant à Percier et Fontaine le remplacement du plafond par une
voûte. En effet, dès 1671, une gravure de la traduction de Vitruve
par Charles Perrault1 montre la salle des Cariatides voûtée exac-
tement comme on la voit aujourd’hui. Puis, en 1756, Blondel écrit
dans Y Architecture française : « La Salle des Antiques [c’est bien la
salle des Cariatides], dont la décoration intérieure du dessein de
i’xVbhé de Clagny [Lescotl est d’ordre dorique, [esl] d’une ordon-
nance et d’un goût exquis. Cette Salle est voûtée en ceintre sur-

i. Livre [, cliap. I. Il est vrai que, du ns un Plan général du Louvre dressé
par le même Perrault en 167 4 (Chalcographie du I,ouvre, n° 2956), on ne voit pas
indiqués les piliers supplémentaires supportant la voûte. Cela peut s’expliquer
parle fait que ce plan est surtout destiné à la présentation d’un projet d’agran-
dissement du Louvre proposé par Perrault. Les détails, dès lors, devaient y être
négligés, et, par exemple, la projection de la tribune des Cariatides n’y est pas
marquée.