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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 36.1906

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Nr. 2
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Régamey, Frédéric: Un coin de la vieille Alsace, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24818#0167

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152

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

vres trépassés qu’on lui confiait. Ce cimetière avait été ménagé dans
une bande de terre s’allongeant entre l’église et le mur d’enceinte
tout proche. Il fallait faire de la place pour les nouveaux morts, pour
les morts de demain. On résolut alors (1463) d’élever une petite
chapelle (Saint-Michel) avec crypte, et dans ce sous-sol commencèrent
à s’entasser les squelettes retirés des anciennes sépultures. Aujour-
d’hui on en voit empilés là plusieurs milliers.

Pendant que l’orgueilleuse ville impériale se développait en puis-
sance militaire, en charme artistique, ses deux voisines, moins su-
perbes, grandissaient pourtant, elles aussi.

Ivienzheim achevait (xive siècle) sa chapelle de Sainte-Régule, fon-
dée au xie siècle par les comtes d’Eguisheim à la place d’un ancien
oratoire dont une pierre, portant la date de 707, a été encastrée der-
rière l’autel du chœur. Elle continuait sa seconde église, qui devait
être terminée au xvie siècle et, satisfaction suprême, s’entourait (au
xve siècle) des fortifications dont on voit encore des restes importants.

En face, de l’autre côté de la Weiss, un de ces épisodes si fré-
quents et si tristes de l’histoire du moyen âge s’accomplissait autour
d’Ammerschwihr. Deux villages, Meywihr et Katzenbach, disparais-
saient lentement. Las d’être livrés sans défense aux violences des
bandes armées guerroyant entre elles, leurs habitants, les uns après
les autres, abandonnaient leurs maisons et venaient se réfugier der-
rière les murailles et les tours dont Ammerschwihr avait commencé
à s’entourer dans la première moitié du xive siècle. Ces pauvres gens
mirent près de deux cents ans à s’arracher de leurs foyers. Ce ne fut
qu’en 1503 que le curé de Meywihr, resté à peu près seul, se décida
à rejoindre ses paroissiens. Petit à petit, les maisons s’écroulèrent,
les cultures, les vignes poussèrent là où jadis s’élevaient les habita-
tions, et aujourd’hui il ne reste plus rien de ces deux villages qu’un
fragment de l’église de Meywihr, une crypte où gisent épars quel-
ques ossements et crânes brisés des anciens habitants, morts et dépo-
sés là avant l'époque des exodes.

Sans avoir l’importance militaire de Kaysersberg, Ammerschwihr
était cependant une hère et forte ville. Du côté de la montagne,
une triple enceinte protégeait la porte haute, encore debout, et
lorsque la poudre et les canons révolutionnèrent l’art de la guerre,
les habitants s’efforcèrent de transformer leurs fortifications et de
les mettre à la hauteur des nécessités nouvelles. Une tour, le Schel-
menturm, est un bel échantillon de ce que tentèrent les ingénieurs
de l’époque pour lutter contre l’effet foudroyant des nouveaux en-
 
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