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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 36.1906

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Nr. 3
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Momméja, Jules: Le "Bain turc" d'Ingres
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https://doi.org/10.11588/diglit.24818#0216

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

le peintre de marines qui d’autant mieux exprime l’irrésistible puis-
sance des flots qu’ils sont venus se briser plus impuissants au roc
sur lequel il était assis.

On comprend assez, d’après ces derniers mots, que je m’inscris
en faux contre des légendes que certains ont prises à leur compte et
tenté de faire entrer dans l’histoire de l’art. Ces légendes, il y a
trente ans que je les ai recueillies et que j’ai constaté leur inanité.
Ce sont uniquement des propos d’atelier dont l’origine se perd dans
un lointain antérieur à l’école de David. Que si l’on avait des doutes,
on n’aurait, pour les dissiper, qu’à étudier la vie du maître dont
l’austérité fut proverbiale, et qu’à lire ce qu’ont écrit sur lui ceux
qui l’ont connu le plus intimement. A ceux qui n’ont pas de parti
pris, je recommanderai le passage suivant du livre d’Amaury
Duval1, ces quelques lignes peignent mieux Ingres, sur ce point
délicat, que les monographies les plus fouillées :

« Plus la beauté est grande, plus l’admiration du peintre éteint
en lui ce qui n’est pas tout à fait pur et élevé. Je crois cependant
qu’on trouverait des exceptions, mais pas chez les meilleurs.

« Une charmante fille qui posait pour M. Ingres me disait un
jour : « Si vous saviez tous les cris d’admiration qu’il pousse quand
« je travaille chez lui!... J’en deviens toute honteuse... Et quand
« je m’en vais, il me reconduit jusqu’à la porte et me dit : « Adieu,
« ma belle enfant », et me baise la main... »

« N’est-ce pas le culte épuré du beau? »

JULES MOMMKJA

1. L’Atelier d’Ingres, p. 76.
 
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