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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 36.1906

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Nr. 5
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Bénédite, Léonce: J.-J. Henner, [2]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24818#0431

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406

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

croquis et les notes judicieuses qu’il prendra plus tard au cours de
ses promenades régulières et attentives dans notre grande maison.
Il connaissait le Louvre par cœur. Sans doute y puisait-il déjà des
encouragements et des forces près des vrais maîtres. On a quelque
surprise, toutefois, de le voir déclarer, à propos d’une copie qui
lui était demandée d’après une peinture où devait figurer la mère
de la Vierge : « 11 n’y a point de tableau au musée où il y ait une
sainte Anne, j’ai cherché partout. » Il est à croire que c’était là une
défaite et qu’il ne voulait pas s’engager sur la copie du Léonard.
Le brave Goutzwiller lui trouve, de son côté, quelque besogne. 11 le
met en rapport avec une compatriote, Mme Ilomaire de Ilell, qui
publiait les récits d’exploration de son mari en Perse avec Jules
Laurens, le peintre lithographe, chargé de cette publication illustrée.
Ilenner y collabore par des copies de tableaux et par des litho-
graphies. Laurens en paraît content, et voilà du pain assuré. Cepen-
dant la vie lui devient parfois tellement pénible soit par l’espèce de
solitude qu’il s’était créée, soit par la nostalgie du pays natal, que
de temps à autre il sent s'éveiller plus vivement le besoin de revoir
le cher clocher de Bernwiller, cette mère, ce frère aîné, cette sœur
toujours plus présents à son esprit et qui sont trop loin de son
cœur. Comme plus tard pour Bastien-Lepagc, le paysan lorrain de
Damvillers, dont les débuts eurent quelque analogie avec ceux de
l’ancieu d’Alsace, les déboires de l’Ecole le ramèneront au village et
au foyer ancestral. Là vraiment il se retrouve, il s’épanouit dans la
joie au milieu des êtres qui le chérissent, qui le comprennent, qui
ont foi en lui. 11 y fait plusieurs petits séjours; il en est un, même,
qui fut particulièrement prolongé, car il dura une vingtaine de mois
sans interruption. C’est là, sur la glèbe natale, qu’il va donner la
primeur de son génie artistique, que va s’ouvrir toute fraîche la
Heur de sa personnalité en un petit ensemble d’œuvres, librement
cherchées et travaillées, sans contrainte et sans appréhension, à
l’écart de tout magister et à l’abri de toute pédagogie, pour l’unique
bonheur de peindre, ou la juste fierté de se suffire, comme il est du
devoir d’un homme. Aussi, pendant ces presque deux années, de la
fin de juin 1855 à la fin de février 1857, allons-nous le trouver tout
entier dans son vrai caractère d’homme et d’artiste, en cette première
étape de sa carrière si peu faite pour faire présager sa voie future,
mais qui la prépare et en assure d’avance la véritable grandeur.

[La suite prochainement).

LÉONCE U É N ÉD1TE
 
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