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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 36.1906

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Nr. 5
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Bertaux, Émile; Bégule, Lucien: Un vitrail profane du XVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24818#0433

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408

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

En 1852, il fut découvert chez un fripier de Lyon par un histo-
rien du Beaujolais, le baron de Ja Roche la Carelle, qui l’acheta.
Aujourd’hui ce vitrail est conservé au château de Sassangy (Saône-
et-Loire), propriété de Mme la comtesse de Fleurieu. 11 est carré et
mesure 55 centimètres de côté. Peint et modelé en grisaille avec
quelques touches de jaune et d’argent, il a la finesse d'une miniature
in-folio sur verre.

❖ ❖

D’après une tradition dont plusieurs historiens de Villefranche
et du Beaujolais se sont faits les garants, le vitrail de l’hôtel de la
Bessée aurait perpétué le souvenir d’une aventure historique dont le
dénouement changea brusquement les destinées de toute Ja province.
A la fin du xive siècle, le seigneur de Beaujeu, Edouard, était un
homme dissolu et violent dont les passions ne connaissaient pas
d’obstacles et les colères pas de bornes. La famille de la Bessée, non
encore anoblie, mais riche et honorée dans le pays, avait pour chef
Guyonnet, qui exerçait à Villefranche les fonctions de premier
échevin; il eut plus d’une fois à résister aux exigences du seigneur.
Un dernier attentat combla la mesure. Edouard de Beaujeu, marié
depuis 1370 à Eléonore, fille du comte de Beaufort, vicomte de
Turenne, s’éprit follement de la demoiselle de la Bessée. Après
l’avoir, dit-on, courtisée dans la maison de son père, il l’enleva avec
éclat comme elle sortait de la messe et la séquestra dans son château
de Pouilly. Guyonnet de J a Bessée arma les milices bourgeoises pour
reprendre sa fille. Repoussé, il fit appela la justice du roi Charles VI.
Edouard fut assigné devant le Parlement de Paris ; mais il ne reçut
l’huissier chargé de l’assignation que pour le faire jeter par une
fenêtre du château. Les troupes royales envoyées contre le rebelle
s’emparèrent de lui. Edouard de Beaujeu, emmené à Paris et plongé
dans un cachot, eût payé ses crimes de sa tête sans l’intervention
d’un puissant voisin, le duc Louis II de Bourbon, seigneur du
Forez. Celui-ci fit payer cher ses bons offices : pour obtenir l’abso-
lution royale, le seigneur de Beaujeu dut céder au duc de Bourbon
tout son domaine, le Beaujolais, avec ses coteaux tout verts de belles
vignes et les Dombes, avec leurs étangs poissonneux. L’acte fut
passé le 23 juin 1400.

Guyonnet de la Bessée reçut, à titre de réparation, la seigneurie
de Saint-Georges de Reneins. On ignore ce qu’était devenue sa fille.
 
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