Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 38.1907)

SÉLINONTE, ESSAI DE RECONSTITUTION, PAR M. L.-J. HULOT
(Salon de la Société des Artistes français).

LES SALONS DE 1907

(troisième et dernier article1)

L’ARCHITECTURE ET LA SCULPTURE

Autrefois les trois sœurs, Architecture, Peinture, Sculpture,
l’une à l’autre appuyées, et se tenant les mains, s’avancaient
parmi le vieux monde au rythme égal de leur pas de déesses,
accueillies par la familière admiration des races grecques et latines ;
et l’amoureux qui leur tressait la couronne de gloire ne savait à qui
l’offrir, tant la même beauté rayonnait de leurs yeux. Les pi us grandes
époques d’art ont dû leur perfection de splendeur à cette union
généreuse. Mais les trois sœurs ne sont plus trois compagnes ; des
ambitions mal comprises ont dénoué la séculaire entente. La Pein-
ture fut la première et la plus ardente à la révolte ; elle a voulu
plaire par elle-même, et ordonner à sa guise les lois sévères du
décor; nous pouvons contempler en de récents édifices officiels les
fruits monstrueux de son indiscipline. La Sculpture, plus beso-
gneuse, ne demandait qu’à obéir; mais elle n’a plus trouvé qui lui
commandât, car la grande aînée, l’Architecture, découronnée, avilie,
semble aujourd’hui l’esclave docile aux fantaisies des barbares
qui l’achètent. Cette anarchie déjà ancienne, et en partie justifiée
peut-être par les conditions nouvelles de notre existence, que l’in-
dustrie transforme violemment, prendra fin dès qu’un artiste de

1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 1907, 1.1, p. 353 et 441.

XXXVIII. — 3” PÉRIODE.

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