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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 38.1907

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Nr. 6
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Bouchot, Henri: Le paysage chez les primitifs
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https://doi.org/10.11588/diglit.24865#0483

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LE PAYSAGE CHEZ LES PRIMITIFS

art du peintre, qui remonte aux
préhistoriques des cavernes, est né,
comme la roue de chariot tournant
sur un essieu, à peu près définitif à
son origine. Si cette roue nous a
fourni la brouette, la roulotte, la di-
ligence, la locomotive, la bicyclette
et l’automobile, le schéma de figures
grattées sur un caillou ou sur un os
par un troglodyte ingénieux, le dessin en un mot, n’avarié, du troglo-
dyte à nous, que par les applications. La couleur n’en fut jamais que
l’accessoire, un embellissement apporté par un praticien plus avisé; la
ligne, le contour, la silhouette des êtres ou des choses est demeurée,
en dépit de tout, le principe essentiel sur lequel brodent les artistes.
Ni les Egyptiens, ni les Grecs, ni les Romains n’entendirent la pein-
ture autrement que sous sa forme originelle, un profil plus ou moins
serti, plus ou moins bariolé de couleurs, cherchant à fixer les sen-
sations furtives de l’œil; exactement ce que les plus grands maîtres
tentent encore.

Les plus anciens paysagistes se conformèrent à cette théorie et
dans leur interprétation de la nature, — arbres, fleurs, montagnes
ou ciels, — ils nous laissent deviner que les nuances subtiles et
imprécises de la lumière ne les préoccupent guère. Attentifs à défi-
nir avec précision une essence d’arbre, ils ne s’inquiéteront jamais
des colorations réflexes dont cet arbre prend sa part dans un ensem-
ble. Nul d’entre eux ne s’avisera que le bleu du ciel influence les
verts de la plante suivant les heures, et qu’un chou, par exemple,
peut être bleu, violet ou vert. Le peintre primitif sait que le chou,
une fois coupé, est vert, et il ne lui viendrait pas à l’idée de le pein-
dre autrement. C’est à la couleur verte qu’on reconnaîtra l’herbe et
 
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