DEUX DESSINS INEDITS DE MANTEGNA
POUR LE « PARNASSE » DU MUSÉE DU LOUVRE
our celui qui désire approfondir la psy-
chologie des grands artistes, aucun do-
cument ne présente au tant d’intérêt que
les dessins contenant des projets pour
leurs œuvres marquantes. Etudes soi-
gnées ou simples esquisses révèlent le
travail de leur cerveau. On voit jaillir
une première idée; l’artiste la reprend
avec des modifications, et l’on se rend
compte des considérations qui le déter-
minèrent à changer tel ou tel détail. En
analysant ces dessins, on peut suivre bien des efforts préparatoires
que l’on n’aurait pas soupçonnés devant la composition définitive,
créée, semble-t-il, d’un seul jet. Les études nous font participer
aux hésitations de l’artiste et elles soulignent ses recherches ; nous
assistons à la naissance lente de l’œuvre.
Remarquons que ces études — qu’il faut bien distinguer des
cartons destinés à être copiés par les élèves — présentent d’ordinaire,
sinon des aspects tout à fait contradictoires, du moins des différences
sensibles avec la conception définitive. Dans le cas où les circonstances
ont empêché l’exécution de l’œuvre telle que l’artiste l’avait rêvée
d’abord, ces projets ont une valeur toute spéciale. Du tombeau de
Jules II, par exemple, nous n’entrevoyons la grandiose ordonnance,
voulue par Michel-Ange, qu’avec l’aide de ses projets. La statue
équestre destinée à la mémoire de Francesco Sforza n’existe plus
que dans quelques esquisses de Léonard de Vinci. L’activité artis-
tique de ce dernier se résume presque entièrement dans ses dessins
préparatoires, qui ne parlent as seulement de ses préoccupations,
POUR LE « PARNASSE » DU MUSÉE DU LOUVRE
our celui qui désire approfondir la psy-
chologie des grands artistes, aucun do-
cument ne présente au tant d’intérêt que
les dessins contenant des projets pour
leurs œuvres marquantes. Etudes soi-
gnées ou simples esquisses révèlent le
travail de leur cerveau. On voit jaillir
une première idée; l’artiste la reprend
avec des modifications, et l’on se rend
compte des considérations qui le déter-
minèrent à changer tel ou tel détail. En
analysant ces dessins, on peut suivre bien des efforts préparatoires
que l’on n’aurait pas soupçonnés devant la composition définitive,
créée, semble-t-il, d’un seul jet. Les études nous font participer
aux hésitations de l’artiste et elles soulignent ses recherches ; nous
assistons à la naissance lente de l’œuvre.
Remarquons que ces études — qu’il faut bien distinguer des
cartons destinés à être copiés par les élèves — présentent d’ordinaire,
sinon des aspects tout à fait contradictoires, du moins des différences
sensibles avec la conception définitive. Dans le cas où les circonstances
ont empêché l’exécution de l’œuvre telle que l’artiste l’avait rêvée
d’abord, ces projets ont une valeur toute spéciale. Du tombeau de
Jules II, par exemple, nous n’entrevoyons la grandiose ordonnance,
voulue par Michel-Ange, qu’avec l’aide de ses projets. La statue
équestre destinée à la mémoire de Francesco Sforza n’existe plus
que dans quelques esquisses de Léonard de Vinci. L’activité artis-
tique de ce dernier se résume presque entièrement dans ses dessins
préparatoires, qui ne parlent as seulement de ses préoccupations,