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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

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Nr. 1
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Goujon, Pierre: Les Salons de 1909, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0074

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

et de la même hérédité, usent-ils du même langage? Les uns déta-
chent laborieusement leur modèle dans un jour conventionnel,
préparé, fidèles aux longues doctrines académiques; avides d’exac-
titude matérielle, ils peuvent atteindre parfois à une sorte de per-
fection morte. Les autres ont, avec une sincérité inégale, entre-
pris la conquête de leur liberté. Us ne veulent peindre que ce qu’ils
voient et tout juste comme ils le voient. Ils refusent les vérités
d’enseignement et les règles collectives. Us ont, d’une main sou-
vent brutale, fermé les livres canoniques. L’œuvre d’art n’a de
valeur qu’à prouver leur sensibilité, une certaine joie de l’égoïsme.
Us voudront tout ramener à eux-mêmes, se projeter sur les êtres et
sur les choses, sur T ensemble de la vie qui les entoure, imposer
leur émotion. Comme les écoles et les partis, ils devront avoir leurs
fanfarons. De la foule des premiers jaillissent parfois des efforts
d’affranchissement. Grisés d’abord, puis réveillés par le plein jour
des réalités et par la notion de leurs forces, les plus ambitieux nova-
teurs se fixent souvent dans un honorable métier, prennent brevet
et ouvrent boutique. Vous pourriez, dans la série indéfinie des
nuances et des compromis, découvrir l’enchaînement. Mais votre
esprit ne pourra pas constater sans surprise et sans un peu d’effroi,
posant ainsi devant lui-même une partie du problème passionnant
de l’avenir, ce désaccord profond entre des êtres de même race et
de même époque. Troublé, comme par le conllit violent des idées,
irez-vous, malgré votre préférence intime, préjuger des résistances
et des victoires?

Les tableaux de MM. Jean-Paul Laurens et Lyons nous mettent
en garde contre un excès de généralisation. Car M. Lyons atteste
que 1’enseignement de M. Laurens ne lui porta aucun dommage et
lui valut quelque profit, ayant contenu un certain respect de la
méditation nécessaire qui doit précéder les œuvres et l’adresse de
la composition. Aurait-il achevé sa libération, s’il n’avait aperçu que
deux doctrines de la lumière se disputent depuis un siècle la préé-
minence et choisi celle qui tient compte de la réalité, où c’est la
lumière qui est la souveraine? Qu’il faille lui subordonner les formes
mouvantes ou immobiles, tous les aspects de la nature, qui, par elle,
est indéfiniment modifiée, recréée, M. Jean-Paul Laurens ne le con-
tredit pas. Et telle est la gloire du vieux maître insurgé, de fait,
contre les préceptes du bel éclairage, contre les préjugés de l’atelier,
qui isolent les objets de l’atmosphère dont ils doivent dépendre et
permettent, au juste, de les traiter comme des bosses, avec une cer-
 
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