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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0094

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BIBLIOGRAPHIE

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Thompson. L’élan désormais était donné. Moi-même je faisais paraître en 1907 le
Térence des DucsL II y a quelques mois, la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-
de-France puldiait également les intéressantes peintures du manuscrit de la
Légende de saint Denis offert en 1317 au roi Philippe le Long.

Parallèlement à ces recueils luxueux, d’autres plus modestes, mais non moins
utiles, ont été entrepris. Depuis quelques années M. Henri Omont poursuit la
publication des miniatures les plus célèbres du département des manuscrits de
la Bibliothèque Nationale : la collection, formée avec grand soin par la maison
Berthaud, compte aujourd’hui une quinzaine de volumes. Pour la Bibliothèque de
l'Arsenal, si riche en manuscrits à peintures, le même éditeur a commencé une
série d’albums analogues.

Nous pouvons donc espérer aujourd’hui que les pièces les plus rares de nos
bibliothèques seront bientôt, non pas, hélas ! garanties contre toute destruction,
mais, du moins, multipliées par les procédés photographiques de telle sorte que
nos successeurs soient assurés, quoi qu’il advienne, d’en retrouver l’image.

Ce mouvement en faveur de la conservation des meilleures œuvres de nos
peintres du Moyen âge, nul plus que M. Paul Durrieu n’a contribué à le créer, et
le Boccace de Munich qui vient de paraître nous apporte une preuve nouvelle de
son activité. C’est le distingué antiquaire de Munich, M. Jacques Rosenthal, qui
a conçu et réalisé le projet de cette belle publication ; mais il en a doublé l’inté-
rêt en obtenant qu’elle fût présentée et commentée par celui qui s’est acquis dans
ces études une si grande et si légitime autorité.

Le Boccace de Munich est un somptueux manuscrit d’origine française, con-
servé en Bavière depuis plusieurs siècles. Il ne renferme pas moins de 91 minia-
tures. On les trouvera toutes reproduites dans ce précieux recueil, pour lequel,
avec sa compétence ordinaire, M. Durrieu a écrit une excellence préface. Après
avoir montré que le volume a été copié en 1458 par Pierre Faure ou Favre, curé
d'Aubervilliers, pour Laurent Cyrard, notaire et secrétaire du roi et contrôleur
de l’argenterie, il analyse de la façon la plus claire et la plus élégante l’ouvrage
de Boccace, De casibus virorum illustrium, que Laurent de Premierfait traduisit,
en 1409, pour le duc de Berry, sous le titre de Cas des nobles hommes et femmes.
Mais c’est l’illustration de ce splendide volume qui devait être l'objet principal de
l’étude du comte Durrieu. Rejetant toutes les données peu sûres, il s’est attaché
surtout à montrer l’étroite parenté des miniatures qui décorent le Boccace de
Munich et les Antiquités judaïques. Or, les peintures des Antiquités étant formelle-
ment attribuées à Jean Fouquet par une note de François llobertet, « le Boccace
de Munich », conclut l’auteur, « a été illustré dans l'atelier de Jean Fouquet, et les
plus belles de ses images sont de la main même de ce grand peintre. »

Ce n’est pas que M. Durrieu admette toutes les hypothèses qui, depuisquatre-
vingts ans, ont cours sur l’œuvre de Jean Fouquet. Avec une remarquable clair-
voyance il a su, au contraire, dégager de la légende le peu que nous savons de
l’enlumineur tourangeau. « Les Heures d’Étienne Chevalier », écrit-il, « sont par
elles-mêmes un ouvrage anonyme; si on en fait honneur à Jean Fouquet, c’est en
quelque sorte par extension et à cause de leur ressemblance avec les miniatures
des Antiquités judaïques. Il n’y a que ces dernières qui soient bien formellement 1

1. V. Gazelle des Ileaux-Arls, i'JOS, t. Il, p. '261.
 
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