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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

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Nr. 4
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0370

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE

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églises, aux établissements charitables, aux dépôts d'archives, etc. On sait quelle
fut la sollicitude des princes de la maison d’Autriche pour les édifices du culte :
sous Albert et Isabelle et dans la limite de leur États, dit Mirœus, s’élevèrent
plus de trois cents églises. On voit quel champ ces édifices ouvraient à l’activité
des artistes et des décorateurs.

Au cours des siècles la Belgique a vu se disperser une partie considérable de
ses richesses. Faut-il s’en étonner, étant donnée la situation géographique d’un
pays incessamment convoité parles puissances étrangères, et chaque envahisseur
moissonnant à sa guise parmi les trésors artistiques que défendait jalousement la
piété des citoyens? Qu'on se rappelle, d’autre part, les nombreux artistes flamands
auxquels il fut donné de faire briller leur talent sur le sol étranger. Mais c’est
assez dire pour montrer que la tâche sera tout autre que celle qui s’employa
naguère à reconstituer l’œuvre d’un van Dyck ou d’un Jordaens. Anvers, pour
son compte, érigera dans les jardins de l’exposition un palais offrant la reconsti-
tution de la maison même de Rubens. Cette maison existe encore, très modifiée
il est vrai, mais d’anciennes gravures et des tableaux même en donnent l’exacte
physionomie. Qui sait si Anvers n’aura un jour à côté de sa « maison planti-
nienne » une « maison rubénienne »? Cependant le but sera plus difficile à
atteindre, le patrimoine du maître s’étant, par sa volonté même, autant que par
la force et la nature des événements, dispersé bientôt après sa mort.

Il n’est pas trop tard pour parler de la réunion tenue à Liège, au mois d’août,
par laFédération archéologique et historique.de Belgique. A côté des principales
sociétés du pays s’y trouvaient représentées, quelques grandes sociétés étrangères,
à commencer par la Société française d’archéologie. La ville de Liège avait
réservé à ses invités la faveur d’assister à l’inauguration du nouveau musée
d’archéologie. L’intérêt en est essentiel et l’aménagement admirable. L’hôtel
Curtius, précédemment affecté au Mont-de-Piété, est. aujourd'hui restauré, avec
une discrétion trop rare, surtout en Belgique. L’importance de toutes les salles
est grande; celle des collections préhistoriques, belgo-romainesj et franques
exceptionnelle; les verreries, les faïences, les spécimens de peintures, etc., offrent
un intérêt d’ordre général qui élève le nouveau musée, à la hauteur des. meilleurs
établissements de ce genre. Dans le palais qui abrita la section des Beaux-Arts à
l’Exposition Universelle de Liège en 1906 était réuni un précieux ensemble des
œuvres d’un sculpteur liégeois très apprécié, Jean del Cour, mort octogénaire
dans les premières années du xvme siècle. Avec une évidence absolue, ses travaux
trahissent l’influence du Bernin, son maître durant un séjour de neuf ans à Rome.
Si del Cour fut incontestablement fort habile, il est difficile de souscrire à
l’appréciation de son biographe, l’abbé Moret1, faisant de lui « le plus grand
sculpteur belge du xvue siècle ». On peut admirer la grâce de ses figures, le jet
abondant de ses draperies et l’attitude souvent élégante qu’il a donnée à ses
Vierges et aux saints personnages qui ornent les places publiques de Liège et
l’église de Notre-Dame à Hasselt. Mais del Cour est surtout un représentant du
style baroque. Envisagé à ce point de vue, il le cède non seulement au Bernin,
cela va de soi, mais à ses compatriotes Artus Quellin et François Desart, wallons
comme lui; il se classe assez loin aussi d’André Schlitter, en qui l’on ne saurait

1. Notice sur Jean del Cour, Liège, Besnard, 1909.

il.

4e rÉllIODE.

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