LES OEUVRES RÉGIONALES DU MUSÉE ROLIN
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Bourgogne. Épris de vie, passionnés pour l’expression du vrai, ils
procèdent alors avec une sincérité que rien n’atténue, souvent avec
une savoureuse brutalité, toujours avec énergie; ils s'expriment en
un langage populaire ou rural assez
heureusement imagé, avec une vo-
lonté constante d’humaniser leurs
créations, d’intelligents efforts pour
les individualiser. Observateurs
clairvoyants, ils se préoccupent
de bien saisir les gens sous leur
aspect distinctif. Caractéristes aisé-
ment outranciers, ils se délectent
à souligner les moindres signes
individuels, à mettre en évidence
les particularités, voire les lai-
deurs, à rehausser ce qui fonde
l’originalité d’une personne. Tous
tendent à portraiturer, cela ressort de
l’examen des œuvres subsistantes.
Ces imagiers ont autour d’eux,
bien entendu, des confrères d’un
autre âgé, des retardataires et
des médiocres, puis, au moins à
partirde 1370, des sculpteurs étran-
gers au pays. Mais point n’est
besoin d’une centaine d’artistes
pour former le noyau d’une école
locale et préparer les voies à Sluter.
Quand ce maître détermine, au
début du xvc siècle, un mouvement
régénérateur, les mieux doués des
Bourguignons sont en état d’en
profiter. Ils comprennent fort bien
les enseignements de ses œuvres
et se perfectionnent selon son
esthétique sans rien perdre de leurs qualités propres. Entre leur
entente de l’art et celle du grand Batave, il y a tant de similitude!
Aussi ne peut-on dire que l’art se transforme alors en Bourgogne;
à la vérité, son évolution se poursuit normalement.
Les bienfaisants effets de 1 action de Sluter, nous les voyons
VIERGE MERE
STATUETTE P. ME R R E, XVe SIÈCLE.
(Musée Roliu, Autun.)
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Bourgogne. Épris de vie, passionnés pour l’expression du vrai, ils
procèdent alors avec une sincérité que rien n’atténue, souvent avec
une savoureuse brutalité, toujours avec énergie; ils s'expriment en
un langage populaire ou rural assez
heureusement imagé, avec une vo-
lonté constante d’humaniser leurs
créations, d’intelligents efforts pour
les individualiser. Observateurs
clairvoyants, ils se préoccupent
de bien saisir les gens sous leur
aspect distinctif. Caractéristes aisé-
ment outranciers, ils se délectent
à souligner les moindres signes
individuels, à mettre en évidence
les particularités, voire les lai-
deurs, à rehausser ce qui fonde
l’originalité d’une personne. Tous
tendent à portraiturer, cela ressort de
l’examen des œuvres subsistantes.
Ces imagiers ont autour d’eux,
bien entendu, des confrères d’un
autre âgé, des retardataires et
des médiocres, puis, au moins à
partirde 1370, des sculpteurs étran-
gers au pays. Mais point n’est
besoin d’une centaine d’artistes
pour former le noyau d’une école
locale et préparer les voies à Sluter.
Quand ce maître détermine, au
début du xvc siècle, un mouvement
régénérateur, les mieux doués des
Bourguignons sont en état d’en
profiter. Ils comprennent fort bien
les enseignements de ses œuvres
et se perfectionnent selon son
esthétique sans rien perdre de leurs qualités propres. Entre leur
entente de l’art et celle du grand Batave, il y a tant de similitude!
Aussi ne peut-on dire que l’art se transforme alors en Bourgogne;
à la vérité, son évolution se poursuit normalement.
Les bienfaisants effets de 1 action de Sluter, nous les voyons
VIERGE MERE
STATUETTE P. ME R R E, XVe SIÈCLE.
(Musée Roliu, Autun.)