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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 2.1909

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Nr. 5
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Germain, Alphonse: Les œuvres régionales du Musée Rolin à Autun
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https://doi.org/10.11588/diglit.24872#0461

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418

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

d’acquérir, ce dont on ne saurait trop la féliciter. Elles ont été exé-
cutées directement sur le mur vers 1460. Ce sonl, avec un portrait
du cardinal Jean Rolin, deux fragments d’une Descente de Croix et
trois d’un Martyre de saint Vincent (salle des séances)1. Le portrait
est une de ces interprétations qui livrent la psychologie d’un
homme; il décèle sans aucun correctif un caractère singulièrement
complexe et inquiétant. Sur les fragments de la Descente de Croix,
on distingue le Christ soutenu par Nicodème ou Joseph, et la Vierge
qui défaille dans les bras de saint Jean. Sur les vestiges du Martyre
se profilent quelques bêtes de proie accourues pour dépecer le cadavre
du saint : deux corbeaux, un loup et un aigle. Les personnages attei-
gnent au dramatique sans vaine contraction, surtout la Vierge que
tenaille une douleur très vraie. Les animaux sont synthétisés très
décorativement et l’aigle dessine une hère silhouette. Enfin toutes
ces peintures ont un accent bien français, tout y est traité à la ma-
nière de nos peintres.

Dans la dernière moitié du xvc siècle, notamment dans le dernier
quart, beaucoup de peintres bourguignons cessent de s’inspirer, au
moins directement, des nordiques. En certains ouvrages, les
influences néerlandaises s’unissent aux influences françaises, et les
démêler n’est point facile; mais en quelques autres notre esprit
national se révèle par un dessin en général plus large que le
dessin septentrional, en tout cas sans méticulosité ni dureté, par une
meilleure entente de l’arrangement et une mesure plus juste dans
l’expression des sentiments. On en trouve des preuves dans les sus-
dits fragments du Musée Rolin et dans les vestiges de peintures
murales que conserve Notre-Dame de Dijon.

L’empreinte française se dévoile encore dans un Crucifiement de
la salle des séances, tableau funéraire peint vers 1480 pour Jean
Drouhot, chanoine et curé d’Autun, qui s’y agenouille près de la
Croix. La réalisation en est minutieuse, — beaucoup peut-être à
cause de son format, — mais sans excès, et l’ecclésiastique qui y
joue le principal rôle se détache comme il convient. Bon travail
d’artiste de second plan.

Quant à l’accent nordique, nous le remarquons, non loin du
tableau précédent, dans une miniature qui ornait jadis le second
volume du Pontifical d’Antoine de Chalon et que, pour cette raison,
on peut considérer comme de la fin du xvc siècle2. Le miniaturiste

1. Ces peintures ont été transportées sur toile en 1883.

2. Successeur immédiat du cardinal Rolin, Antoine de Chalon mourut le 8 mai
 
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