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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 3.1910

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Nr. 3
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Monod, François: L' exposition nationale de maîtres anciens à Londres, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24873#0281

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260

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

une maigreur et un air jeune ’el récent qui mettent en défiance.

On vent donner à Gravelot, dont ce serait la seule peinture con-
nue, le Lecteur, de la collection Heseltine, un petit tableau d’intérieur
amusant, d’un sentiment discret et intime1. L’Attention dangereuse
de la même collection est un nu de Boucher d’une qualité excep-
tionnelle, fin, spirituel, exquis, amoureux de touche et de ton
comme un Watteau, le rideau reine-claude, le divan verdâtre, la
draperie du lit rose glacé, la carnation rose-thé grasse, rayonnante
et palpitante, bordée et modelée de subtiles lueurs, le dessin
souple, aiguisé, caressant, inspiré de la nuque à l’orteil.

Conservé dans sa fleur, d’un coloris chaud, solide, audacieux avec
de superbes tons de vert, de bleu, d’orange, de feu abricoté, et un
éclair de sentiment dans le paysage, le Lancret capital et inédit du
comte de Listowel, catalogué sous le titre de Fête champêtre, semble
s’identilier avec la Danse au tambourin exposée au Louvre en 1737,
et reparue en 1786 aune vente où Paillet, l’expert, la recommandait,
ainsi qu’un Concert qui faisait pendant, comme une des meilleures
compositions de l’imitateur de Watteau2. C’est, au contraire, le
Nattier le plus fade, le plus mou, le plus gris que rappellent les
deux portraits célèbres de la duchesse de Flavacourt en figure de
Silence, et de la duchesse de Chàteauroux en Point du jour3.

La riche collection de dessins qui couronnait la « National Loan
Exhibition » provenait de deux sources": MM. Ricketts et Charles
Shannon, qui ont ajouté à leur réputation d’artistes celle d’amateurs
excellents, avaient exposé, entre autres pièces, trois belles études de
Rubens : une académie d’homme de dos, une figure agenouillée de
sainte Madeleine, un brusque et puissant croquis de tête de jeune
homme les yeux levés, et deux petites figures de femmes de Watteau,
Lune à la sépia, figure de dos assise (utilisée dans Y Amour paisible),
l’autre, de dos aussi, et debout, un petit croquis à la sanguine, menu,

1. Deux figures assises dans le coin d’une pièce à droite près d’une fenêtre :
un jeune homme qui lit, penché, au premier plan, une jeune femme en paniers
qui écoute, les mains croisées.

2. Cf. Boclier, Les Graveurs français du xviue siècle,4e fascicule : Nicolas Lancret,
Paris, 1877, p. 68, 97, 9o (où le tableau est décrit dans la vente du chevalier de C.,
le 4 décembre 1786. Paillet relève, dans les deux morceaux, «un ton de couleurs
très vigoureux et une harmonie à comparer aux beaux ouvrages de Watteau»).

3. Rep. par lady Dilke, ouv. cité, p. i48.Ces portraits,peints entre 1739 et 1741
pour le comte de Tessin, ambassadeur de Suède, sont ceux précisément qui déci-
dèrent du succès de Nattier et lui valurent la faveur de la reine Marie Leczinska.
Conservés autrefois à Stockholm, dans la collection du comte Platen, ils ont
passé de chez M. Wertheimer dans la galerie de M. Lionel Phillips.
 
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